Ni Serval ni Barkhane ni Takuda ne peuvent sécuriser le Sahel, les seuls à le concrétiser sur le terrain ce sont les Touarègues !

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Rachid  RAHA
Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)
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Rabat, le 16/06/2021-2971

Objet : ni Serval ni Barkhane ni Takuda ne peuvent sécuriser le Sahel, les seuls à le concrétiser sur le terrain ce sont les Touarègues !

A l’aimable attention de
Monsieur Emmanuel MACRON,
Président de la République Française

Monsieur Le Président,

Nous nous permettons de renouveler l’interpellation que nous avions adressée à vos deux prédécesseurs concernant la situation Sahel, messieurs Nicolas Sarkozy (1) et François Hollande (2). Nous fourmilions également des propositions pour une solution politique et pragmatique afin de lutter contre l’islamisme radical, qui menace la sécurité du Sahel, de l’Afrique, de la France et de l’Union Européenne.

Essayer de se focaliser à résoudre le problème de terrorisme au sein de cette vaste zone de Sahel que sur le plan strictement militaire a bel et bien montré ses grandes limites et votre récente et inattendue annonce de la fin de l’opération Barkhane en est une illustration !

Malheureusement, la France ne récolte pas les résultats escomptés malgré le fait que vous avez déployé plus de 5000 soldats et des moyens budgétaires conséquents arrivant annuellement à un milliard d’euros. Les pertes en vie humaines de vos militaires et ceux des pays du Sahel s’ajoutent aux milliers de victimes civiles qui dépassent les 2000 personnes, avec ces derniers attentats de masse dans la région de Tahoua, Tillabéri au Niger, à Solhan au Burkina Faso et à Ménaka au Mali !!!

Bizarrement, du fait que vous vous trouvez, en ce moment, devancé dans les sondages pour les prochaines élections présidentielles par Marine Le Pen, vous avez pris cette décision du suspendre cette coopération militaire au Mali et de dérouler le tapis rouge à l’Armée algérienne pour vous remplacer (3) ! Mais, avez-vous vraiment conscience que l’Armée algérienne était déjà sur place depuis longtemps, lorsque l’officier algérien le sanguinaire Abderrezak El Para de GSPC s’est installé au Grand Sahara ! Déjà, dans ma précédente lettre (4), je vous avais souligné clairement que toutes les organisations terroristes des trois frontières sont créées par les services de renseignement militaires, le très célèbre Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS). AQMI, MUJAO et/ou GSIM , sont actuellement orchestré par le leader touarègue Iyad Ag Ghali, qui n’est en fait qu’un de leurs agents de longue date, et que l’armée algérienne l’avait chargé de donner un coup de grâce à l’indépendance et/ou l’autonomie de l’Azawad que défendaient les révolutionnaires du MNLA à partir de 2011…

Autoriser l’Armée algérienne à substituer vos forces spéciales et vos soldats au Sahel, – et dont on soupçonne d’être malicieusement derrière le dernier coup d’état au Mali, avec leur complicité manifeste avec les Russes et la vente de leurs armes-, c’est en réalité jeter de l’huile sur le feu. Les conséquences peuvent être catastrophiques, c’est donner le feu vert à la multiplication de plus d’horribles attentats terroristes au Sahel et de la montée en flèche dans les sondages de l’extrême droite de Marine Le Pen en France !

Comme vous l’avez manifesté aux nouvelles autorités putschistes maliennes à ne pas dialoguer avec les djihadistes, je vous suggère de reprendre vivement les mêmes termes et osez le dire franchement aux généraux algériens : « On ne peut pas souffrir l’ambiguïté. On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission », ou sinon, vous-même, vous deviendrez, complice de l’assassinat de vos propres enfants !!!

Nous saluons les propos de l’opposant algérien Mohamed Larbi Zitout, qui dévoile à partir de la minute 1h19 dans cette vidéo ci-contre, le jeu macabre des officiers algériens et où il met à nue leurs sales manœuvres, en jouant diaboliquement le rôle des pyromanes psychopathes qui provoquent des incendies, et en même temps, ils se présentent comme des pompiers salvateurs qui essaient d’éteindre le feu ! (www.facebook.com/135967053139262/videos/125057132984642 ).

Nous sommes profondément conscients de ce que représente le Sahel comme territoire vitale pour la France, du fait que le minerai de l’Uranium, de ce lointain territoire touareg, continue à assurer l’électrification de la plupart des maisons des familles françaises, les rues de vos belles villes et de la Tour Eiffel de Paris, en faisant tourner les turbines de vos centrales nucléaires (et d’alimenter votre arsenal militaire nucléaire !).

Cependant, il ne pourrait jamais y avoir de paix durable en Azawad et au Niger si les populations autochtones ne sont pas impliquées dans la résolution politique de ce conflit artificiel, provoqué par la mal gouvernance des maliens, fomenté par les services militaires secrets algériens et financés en grande partie par le petit émirat de Qatar (5).

Comme le souligne parfaitement l’un des grands spécialistes du Sahel et défenseur des droits des Touaregs, le franco-nigérien Abdoulahi Attayoub, président de l’Organisation de la Diaspora Touarègue en Europe (6) : « La question des rapports entre le Nord et le Sud du Mali se pose depuis la création du pays et les différentes rebellions de l’Azawad ont régulièrement mis sur la table un débat que les élites ont toujours  travesti voire ignoré. Le Mali dans sa dimension actuelle s’est construit avec les moyens institutionnels légués par l’administration coloniale française. Il s’est structuré au Sud autour d’une seule de ses composantes ethnoculturelles, les autres étant aux mieux satellisées ou tout simplement ignorées. Cette réalité constitue la grille d’analyse dont découlent les autres difficultés qui hypothèquent aujourd’hui la survie du pays. Une régionalisation intégrale ou l’instauration d’un système fédéral constitue l’issue incontournable pour tenter de sauver le pays et promouvoir un vivre ensemble apaisé et propice à l’épanouissement de tous les citoyens. » Il ajoute que La France, en arrivant au Sahel, elle avait trouvé des peuples organisés, qui aspirent encore aujourd’hui à leur dignité et à la liberté d’être les acteurs de leur avenir. Dans ses relations avec les peuples africains, il souligne que la France gagnerait à mieux tirer les leçons du passé afin de regarder l’avenir et refonder sa politique sur des bases pragmatiques réajustées aux réalités actuelles et aux nouveaux enjeux du Monde. Et cela ne pourrait se concrétiser que par la nécessité dune réorganisation administrative, d’une redistribution des compétences et du respect des aspirations légitimes de ces communautés autochtones à disposer d’une certaine autonomie politique.

En définitive, la solution idéale à l’insécurité régnante au Sahel ne pourrait se résoudre que militairement, sinon il faudrait opter et parier, une fois pour toute, pour une résolution fondamentalement politique : celle de l’application de l’article 3 de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » et l’octroi du statut d’autonomie politique à Azawad dans le cadre d’un état fédéral malien, à l’exemple du Kurdistan Irakien et selon la proposition de Dr. Mimoun Charqi (7). Une proposition qui a été réexposé lors de notre séminaire international de 27 février dernier, que nous avons organisé en collaboration avec la fondation allemande Friedrich Naumann sur les enjeux sécuritaires en Afrique du Nord et au Sahel (8). C’est le seul moyen d’arriver à résoudre ce conflit régional, à assurer la prospérité et le bien-être social à ces populations du désert, et à assurer à garantir les matières premières et les intérêts économiques de votre pays, tout en assurant la sécurité des pays de Sahel, d’Afrique du Nord et d’Europe.

Dans l’attente de vous pencher consciencieusement sur ces légitimes droits des Touarègues, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.

Par Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe

Notes :

(1)   http://amadalpresse.com/RAHA/Lettre18.html
(2)    www.rachidraha.com/Lettre13.html
(3)    https://amadalamazigh.press.ma/fr/larmee-algerienne-se-prepare-a-remplacer-la-france-au-mali/
(4)   http://amamazigh.org/2021/06/les-amazighs-demandent-au-president-francais-dappeler-a-lordre-les-generaux-algeriens/
(5)    www.blast-info.fr/articles/2021/qatar-connection-le-courrier-qui-accable-doha-dans-le-financement-du-terrorisme-au-sahel-gC5-bmJ9THO2ctzX9jLVtA
(6)   https://amadalamazigh.press.ma/fr/mali-laborieuse-refondation-de-letat-au-sahel/
(7)   https://charqi.blog4ever.com/l-azawad-entre-droits-des-peuples-a-disposer-d-eux-memes-et-intangibilite-des-frontieres-nees-de-la-decolonisation
(8)   web.facebook.com/142093689293727/videos/1325046637867282

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