Les Amazighs demandent au président français d’appeler à l’ordre les généraux algériens

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Le 17/05/2021-2971

Objet : appel à l’ordre des généraux algériens qui répriment les manifestants du Hirak, qui déstabilisent les relations euro-nordafricaines, qui bloquent l’émergence de l’union des pays d’Afrique du Nord et qui soutiennent ouvertement le terrorisme djihadiste au Sahel

A l’aimable attention de

Monsieur Emmanuel MACRON,

Président de la République Française

Je souhaite m’exprimer au sujet de l’Algérie. Permettez-moi de porter à votre connaissance que le Haut-Commissariat des Droits Humains des Nations Unies vient d’interpeler de nouveau les autorités algériennes afin de cesser de recourir à la violence et à mettre fin aux arrestations arbitraires (https://news.un.org/fr/story/2021/05/1095782), après qu’il l’avait dénoncé auparavant et comme l’avait déjà fait le parlement européen (www.europarl.europa.eu/doceo/document/RC-9-2020-0375_FR.html) à propos de la répression continuelle du mouvement populaire « Hirak d’Algérie ».

Nous nous surprenons beaucoup de cet immense et incompréhensible silence de votre gouvernement à l’encontre de ces flagrantes violations des droits de l’homme en Algérie, à tel point que les manifestants ont osé scander des slogans contre la France. Sachez bien que manifester votre opposition ne constitue en aucune mesure en un acte d’ingérence dans les affaires intérieures de cette ancienne colonie. Ça serait juste un acte salutaire d’engagement envers le respect de l’accord d’association que l’Algérie avait signé avec l’Union européenne à Valencia le 22 avril 2002, dans l’esprit du processus de Barcelone de novembre 1995 et qui a commencé à prendre effet dès le 1er septembre 2005.  Parmi les objectifs essentiels de cet accord énoncé dans l’article 2 : « Le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme, tels qu’énoncés dans la déclaration universelle des droits de l’homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel du présent accord ». En plus de l’article premier énonce l’encouragement de l’intégration maghrébine en favorisant les échanges et la coopération au sein de l’ensemble maghrébin et entre celui-ci et la Communauté et ses États membres.

Malheureusement, lorsque les gouvernements français et européens se taisent sur une telle réalité ils ne font qu’exprimer explicitement leur soutien aux généraux algériens, corrompus et criminels. Ces derniers, non seulement s’efforcent à entraver l’union des pays d’Afrique du Nord, sinon alimentent une éternelle guerre contre son voici, le Maroc, à travers le financement et l’encadrement des mercenaires de Polisario, sans jamais écouter et étudier sérieusement la proposition la proposition du Royaume du Maroc du plan intitulé «Initiative pour une autonomie de la région du Sahara» d’avril 2007, soumise au Conseil de sécurité des Nations Unies, d’autonomie politique dans le cadre de la souveraineté marocaine, et qui reste incontestablement la seule alternative à la solution définitive au conflit du Sahara. Il est clair que ces généraux s’entêtent à appauvrir économiquement de plus en plus ces deux pays dans cette incessante course à l’armement et ils continuent impunément de s’emparer des ressources naturelles du peuple algérien et de continuer à dépenser les fonds provenant de leur vente de pétrole en faveur des achats pharaoniques et sans fin d’armements russes obsolètes ! En effet, ces honteux généraux ne se préoccupent guère du bien-être social de leurs plus quarante millions de leurs compatriotes algériens. Leur seul souci c’est de remplir leurs poches et leurs comptes suisses et parisiens, ou se permettre d’acheter des palaces sur la côte espagnole du Costa del Sol, par l’intermédiaire des colossales commissions qu’ils prélèvent sur chaque marché ! Dans ce contexte, maintenir cet état de guerre permanent à l’encontre du Maroc, à travers cette guerre artificielle du Sahara, permet à cette caste martiale de justifier son immonde prétexte de monopoliser tout le pouvoir politique et de continuer à dilapider les biens de l’Etat au détriment du développement du peuple algérien, et ce, même pendant cette néfaste période de pandémie de coronavirus Covid-19 !

En tout cas, ce que l’opinion publique française et européenne ignore amplement, c’est que les hauts officiers militaires algériens, qui devraient normalement être traduits devant la Cour Pénale Internationale de la Haye, ne s’obstinent pas seulement à armer les mercenaires sahraouis de Polisario,- ni à dédier le travail de leur entière diplomatie à la question de la reconnaissance d’un supposé et irréalisable état « arabe » en territoire afro-amazigh (lorsque l’Arabe appartient essentiellement au continent asiatique)-, sinon aussi aux terroristes djihadistes de Sahel.  En réalité, ils sont à l’origine de la sinistre création du groupe terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Comme l’attestent cette superbe étude de François Gèze et Salima Mellah (www.algeria-watch.org/fr/aw/gspc_etrange_histoire_intro.htm). De ce fait, ils sont les responsables directs de tous les meurtres commis, et qui continuent à être commis, au sein des pays du Sahel, et inclus ceux contre les casques bleus de la Minusma onusienne et les soldats français de l’Opération Barkhane. Ses services secrets militaires connu soue le nom de la DRS, non seulement financent, conseillent et fournissent des informations satellitaires à ses mercenaires djihadistes au Sahel, comme le célèbre Iyad Ag Ghali d’Ansar Dine et à qui lui procurent refuge sur son sol, sinon ils fournissent également des candidats à AQMI, comme ces recrutements parmi les sahraouis des camps de Tindouf (www.jeuneafrique.com/Article/JA2703p010-013.xml0/ ).

En fin de compte, si le Sahel est en train de se transformer en une poudrière, qui pourrait déstabiliser les relations euro-africaines et porter cruellement atteinte à la sécurité de l’Europe, cela incombe directement cette caste militaire algérienne. Ça ne nous surprend plus qu’elle puisse même être à l’œuvre des dernières attaques contre les populations civiles touarègues au nord du Niger, notamment depuis qu’une entreprise chinoise a commencé à exploiter du pétrole et des puits de gaz près de ses frontières.

N’oublions pas que l’Internationale salafiste AQMI (devenue désormais Yamaât Nusra al Islam wal muslimin «GSIM»), parfaitement manipulée par les services secrets militaires algériens , n’attaque pas seulement les pauvres citoyens déshérités du Mali, D’Azawad et du Niger, mais aussi les citoyens européens et vos propres concitoyens. Selon les confessions de l’ex-agent Karim Moulay, que vous évitez d’interpeller malgré le fait qu’il réside en Europe, c’est la signature de la DRS algérienne qui est derrière le macabre et vil assassinat des sept moines français de Tibhirin. Et n’oublions pas que AQMI et/ou la DRS algérienne ont enlevé les otages français Pierre Camatte, le 26/11/2009, Michel Germaneau, le 19/4/2010, Antoine de Léocour et Vincent Deloy, le 7/1/2011, Pierre Legrand, Françoise Larribe, Daniel Larribe, Thierry Dol, Marc Féret, le 16/9/2010, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, le 24/11/2011, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2/11/2013…Le dernier le journaliste Olivier Dubois, ce 8 avril dernier. Malheureusement, certains de ces otages ont été lâchement exécutés…

Il est de notoriété que ces généraux, à travers leur bras de la DRS, sont aussi responsables de nombreuses attaques terroristes contre leurs propres concitoyens comme le célèbre chanteur Cheb Hasni, ou l’assassinat du célèbre chanteur Lounès Matoub! En effet, le principal suspect de cet horrible et dernier meurtre de cette icône de la musique amazighe est le sanguinaire Hassan Hattab, ancien chef du GSPC qui a donné naissance à AQMI, disposant de la protection de ces mêmes généraux et passe ses jours tranquillement dans une villa sur les hauteurs de la capitale à Ben Aknoun, sans qu’il se soucie de répondre aux nombreux crimes commis par sa bande de terroristes et lui-même ! (www.jeuneafrique.com/134366/politique/alg-rie-qu-est-devenu-hassan-hattab-le-fondateur-du-gspc/).

Heureusement, le peuple algérien a repris espoir dans le changement. Sa jeunesse, armée par le courage et la détermination, s’est soulevée pacifiquement contre ces généraux verrous, corrompus et criminels, et contre leurs marionnettes présidents, de Bouteflika ou de l’actuel Abdelmajid Tebboune. A travers ce valeureux et admirable mouvement populaire de «Hirak d’Algérie», le peuple algérien n’a pas cessé de manifester depuis le 16 février 2019 contre ces continuelles violations des droits humains et de dénoncer leurs manœuvres théâtrales de falsifications électorales.

Manifester une position de non-dénonciation de ces généraux dictatoriaux c’est en fait assumer l’émigration clandestine de la jeunesse algérienne vers les côtes européennes et qui ne fait que se renforcer à chaque fois et ayant comme destination privilégiée, la France. Déjà, depuis le début de cette année et selon le Haut-Commissariat des Nations unies elle dépasse 10 000 personnes !

En définitive, si vous voulez vraiment aider l’Algérie, et par extension les pays d’Afrique du Nord, avec qui votre pays partage de profonds intérêts économiques et où le destin de la France est intimement lié à leurs destins, vous n’avez qu’à appeler à l’ordre ces officiers algériens qui se croient impunis et intouchables. Vous pouvez même demander leur extradition en France du fait que la nouvelle convention d’extradition entre l’Algérie et votre pays vient d’être promulguée le 12 mai dernier, afin de répondre sur les assassinats des citoyens français en Algérie et au Sahel !

Il faut exiger aux généraux algériens la remise immédiate en liberté et sans conditions de tous les détenus politiques et de mettre fin à toutes les formes d’intimidation, de harcèlement judiciaire, de criminalisation et d’arrestation ou de détention arbitraires à l’encontre des journalistes, des blogueurs, des défenseurs des droits de l’homme, des avocats, des manifestants et des militants kabyles et mozabites, tout en leur rappelant que le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux consacrés par la déclaration universelle des droits de l’homme est l’une des clauses figurant dans l’accord d’association UE-Algérie.

Il faut exiger aux plus hautes autorités militaires algériennes à garantir une reddition de comptes et un contrôle démocratique et en l’occurrence la subordination effective de ces derniers à une autorité civile légalement constituée, et à faire en sorte que le rôle de l’armée, comme défini dans la Constitution soit explicitement limité aux questions touchant à la défense nationale. Et de ce fait qu’ils arrêtent leurs manœuvres théâtrales d’organiser de fausses et illégitimes campagnes électorales !

Il faut exiger l’entrée dans le pays des organisations internationales des droits de l’homme, et des titulaires de mandat au titre de procédures spéciales des Nations unies, pour réaliser en toute liberté leurs enquêtes indépendantes de tous les assassinats politiques (dont celui de président Mohamed Boudiaf et le chanteur Lounès Matoub), de l’assassinat des 126 jeunes kabyles lors du printemps noir de 2001 (https://www.lavantgarde-algerie.com/article/actualites/pour-que-nul-noublie-noms-des-martyrs-du-printemps-noir-de-kabylie-2001) et surtout sans oublier les enquêtes sur les relations étroites de certains figures du terrorisme djihadiste (comme Djamel Zitouni de GIA, Hassan Hattab et Abderrezak El Para de GSPC, Abdelmalek Droukdel et Mokhtar Belmokhtar d’AQMI et le touarègue Iyad Ag Ghali du GSIM…) avec la sécurité militaire algérienne.

Dans l’attente de vous pencher consciencieusement sur ces légitimes requêtes, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.

Par Rachid RAHA, président de l’Assemblée Mondiale Amazighe

 

 

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