L’Assemblée Mondiale Amazighe exige la dotation d’un budget spécial pour l’amazighe dans le projet du budget de l’année 2020

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Lettre aux Mesdames et Messieurs
Les Députés(es) et Conseillers(es) du Parlement marocain

Mesdames et Messieurs

Les Députés et Conseillers des deux chambres du Parlement marocain
Pour la troisième année consécutive, nous vous écrivons pour vous demander de faire pression sur le gouvernement afin qu’il dédie un budget spécial dans son projet de budget pour l’année 2020, afin d’inclure l’amazigh dans les secteurs de l’éducation et des médias et dans tous les aspects de la vie publique en tant que langue officielle du pays, reconnue dans la Constitution de premier juillet 2011. Nous vous adressons de nouveau cette correspondance du fait que la loi organique n ° 26.16, concernant les étapes de l’activation du caractère officiel de l’amazigh et sur la manière de l’intégrer dans le domaine de l’éducation et des domaines prioritaires de la vie publique, est entrée officiellement en vigueur, après sa publication dans le Bulletin Officiel sous le numéro 6816 et publié le 26 septembre dernier. (http://www.sgg.gov.ma/Portals/1/lois/Loi_26.16_Ar.pdf…)

Mesdames et messieurs,

Nous avons l’honneur, au sein de l’Assemblée Mondiale Amazighe, de vous re-adresser cette requête, eu égard à la situation tragique que connaît la mise en œuvre de l’officialisation de l’amazighe, dans les institutions et les établissements publics. Situation qui va en s’aggravant d’un gouvernement à un autre, en raison des multiples obstacles inhérents à une résistance tantôt politique tantôt administrative. Et parmi les conséquences de cette résistance, à titre d’exemple, l’avortement de l’action d’intégration de l’amazighe dans le système éducatif national et dans les classes de lutte contre l’analphabétisme. Ceci en raison d’un ensemble de décisions dont le retrait de la charge d’enseigner l’amazighe à des professeurs spécialisés qui sont sommés d’enseigner d’autres langues, tels l’arabe et le français. Bien qu’ils soient formés en langue amazighe. D’autres, qui ont contesté cette décision, sont menacés d’expulsion. A cela s’ajoute le recul de l’enseignement de l’amazighe dans plusieurs institutions scolaires où cette langue était enseignée. Fait qui a réduit le nombre d’heures octroyées à l’enseignement de l’amazighe dans d’autres établissements, tel que le consignent les progressions en vigueur. Outre, l’enseignement de l’amazighe s’est arrêté dans d’autres établissements sous prétexte d’absence de ressources humaines et financières nécessaires. Ce qui témoigne clairement de la volonté politique de marginaliser le projet d’intégration de l’amazighe dans le système éducatif national qui constitue un levier fondamental pour le développement de l’identité, de la langue et de la culture amazighes. Ainsi que la sauvegarde des acquis. Bien plus, il s’agit d’un contournement de la décision Royale quant à la promotion de l’amazighe, identité, langue et culture, et au renforcement de sa place dans le domaine social, éducatif, culturel et médiatique ; décision annoncée par Sa Majesté dans son discours d’Ajdir le 17 octobre 2001/2951.

Mesdames et messieurs,

Le dossier de l’enseignement de l’amazigh est en déclin et nécessite des décisions politiques audacieuses ainsi que des positions fermes et décisives pour sauver et intégrer l’amazigh dans le domaine de l’éducation nationale et dans les domaines prioritaires de la vie publique, afin de pouvoir fonctionner à l’avenir comme langue officielle de l’État. Pour cela, il faut absolument dédier un budget spécial pour l’Amazigh dans le projet du budget de 2020, en considérant que la loi organique de réglementation, publiée au Bulletin Officiel, insiste sur le fait que « les secteurs ministériels, les conseils territoriaux et les institutions publiques et constitutionnelles élaborent des plans d’action qui incluent les modalités et les étapes de l’intégration progressive de l’amazigh dans leurs domaines respectifs, et cela au plus tard dans six mois à compter de la date de publication de la dite loi organique au Bulletin Officiel », c’est-à-dire au mois de mars prochain 2020/2970.

Mesdames et messieurs,

Partant de ces données qui témoignent clairement de l’absence d’une volonté gouvernementale pour la promotion de l’amazighe, et dans le cadre de vos prérogatives juridiques, politiques et institutionnelles en tant que député(e)s et conseillers(e )s des deux chambres de la nation, nous vous sollicitons de bien faire pression sur le gouvernement afin de réserver un budget spécifique et conséquent dans son projet de budget de 2020, pour l’intégration de l’amazighe dans les secteurs de l’enseignement et des médias ainsi que dans les autres secteurs de la vie publique, comme il est indiqué dans la loi organique publiée au Bulletin Officiel. Nous vous informons que juste pour enseigner l’amazigh à tous les élèves de la première année du cycle primaire, il faut au moins 5 000 professeurs spécialisés en amazigh, sans parler du reste des années du primaire et de l’enseignement préscolaire, qui nécessite plus de 100 000 professeurs, sans compter les professeurs pour les campagnes de l’alphabétisation des adultes et les enfants d’émigrés marocains en Europe, et le budget spécial dont ils ont besoin. C’est ce qui est repris par le dernier rapport onusien «A/hrc/41/54/ Adb.1», publié par les Nations Unies le 28 mai 2019, au lendemain de la visite officielle au Maroc, de Mme. Tendayi Achiume, rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. Elle s’est dit  » elle est préoccupée par leur lenteur et leur insuffisance… Elle a appris non seulement que le nombre de professeurs est insuffisant, mais aussi que l’efficacité de l’enseignement de l’amazigh à tous les niveaux et dans toutes les régions, la promotion de cette langue comme langue d’enseignement et l’intégration de la langue et de la culture amazighes dans les programmes scolaires laissent à désirer ».
Mesdames et messieurs,

Nous appelons également le Président du gouvernement, M. Saad Eddine El Othmani, à mettre en place un comité ministériel permanent, qui sera chargé de suivre et d’évaluer l’activation du caractère officiel de l’amazigh conformément à la loi organique sur l’amazighe. Et nous vous rappelons que les Nations Unies recommandent dans son dernier rapport d’ :  » intensifier les efforts pour faire en sorte que les Amazighs ne soient pas victimes de discrimination raciale dans l’exercice de leurs droits fondamentaux, notamment en ce qui concerne l’éducation, l’accès à la justice, l’accès à l’emploi et aux services de santé, les droits fonciers et les libertés d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et d’association  » (http://amadalamazigh.press.ma/fr/?p=2230).

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire en l’expression de nos profonds respects.

Signé : M. Rachid RAHA
Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)

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