L’Assemblée Mondiale Amazighe demande à nouveau le soutien parlementaire en faveur de la reconnaissance des responsabilités de l’État espagnol pour l’utilisation d’armes chimiques contre le Rif

0
374

Une délégation de l’Assemblée Mondiale Amazighe, composée de son président Rachid Raha, de son président délégué pour l’Algérie, Khodir Sekouti, de son président délégué pour le Maroc, Mme Amina Ibnou-Cheikh, Mme Naziha El Idrissi et Dr Antonio Arnaiz Villena, était reçus par les groupes parlementaires Esquerra Republicana de Cataluña (ERC), Junts Per Cataluña (JxCat) et Partido Nacionalista Vasco (PNV) les 10 et 11 novembre.

La délégation amazighe a été reçue d’abord par le député M. Gabriel Rufian et les députés Mmes. Marta Rosique i Saltor et Maria Damtas d’ERC, puis par Mme Mariona Illamola Dausa de JxCat, et enfin par le député basque M. Aitor Esteban Bravo de PNV.

La question épineuse de la question de la reconnaissance des responsabilités de l’État espagnol pour l’utilisation d’armes chimiques internationalement interdites pendant la guerre du Rif a été largement abordée, et la délégation amazighe a demandé un nouveau soutien en faveur de la reconnaissance des responsabilités de l’État espagnol. Tous les députés ont exprimé leur solidarité inconditionnelle avec le peuple amazigh du Rif, et ont promis de faire tout leur possible, à travers différentes initiatives, des amendements à la loi sur la mémoire démocratique aux questions au gouvernement et au ministre des Affaires étrangères, afin que la justice soit faite face aux victimes de cette guerre, qui a eu lieu il y a un siècle, mais qui de cette inhumaine et cruelle guerre a entraîné des conséquences désastreuses dans les effets mutagènes et cancérigènes qu’ont eus les héritiers des victimes d’hier.

La délégation a également eu l’occasion d’aborder, quoique brièvement, cette question avec le député socialiste, M. Pau Mari Klose, président de la commission des Affaires étrangères.

Coïncidant avec le débat sur la loi du budgets, Mme Meritxell Batet, présidente du Congrès des députés, s’est excusée de ne pas pouvoir accorder un rendez-vous demandé par la délégation de l’Assemblée amazighe. La même chose s’est produite avec la Secrétariat général et ministre des Droits sociaux de Podemos, Mme. Ione Belarra Urteaga, qui n’a pas pu non plus arriver à libérer un peu de temps de son plein agenda. Cependant, le secrétaire des relations internationales de Podemos, M. David Perejil, a déclaré à la délégation amazighe qu’à Podemos « Nous suivons avec intérêt votre activité au sein de l’Assemblée Mondiale Amazighe et, entre autres, avec la responsabilité historique de notre pays dans le nord du Maroc il y a près d’un siècle. Nous considérons cette affaire non seulement comme une affaire de justice avec les peuples marocain et amazigh, mais aussi une affaire plus que la réparation de la mémoire historique de notre pays », et qu’ils ont promis de traiter cette affaire dans le projet de loi de la mémoire démocratique.

Dans la discussion entre les députés catalans et basques et les représentants amazighs, la question de l’importance et de la possibilité d’offrir l’enseignement de la langue amazighe aux garçons et filles de la communauté amazighe a également été abordée avec grand intérêt au sein des communautés autonomes de la Catalogne, du Pays Basque et de la ville de Melilla, et de promouvoir des activités culturelles afin de rapprocher la connaissance et le respect entre les peuples des deux rives de la Méditerranée occidentale.

En fin de mission, le président de l’Assemblée Mondiale Amazighe a déposé au nouveau ministre espagnol des affaires étrangères cette lettre revendicative au sein de son ministère à Madrid, et dont voici son contenu :

« Son Excellence M. José Manuel ALBARES BUENO

Ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et

Coopération du Gouvernement du Royaume d’Espagne,

Objet : réparations en réponse aux effets de l’usage d’armes chimiques contre les populations du Grand Rif (Nord du Maroc).

Votre Excellence Monsieur le Ministre,

Tout d’abord, je voudrais vous féliciter pour votre récente nomination à la tête de la diplomatie espagnole par le Président M. Pedro Sánchez PEREZ-CASTEJON.

Nous avons l’honneur de vous informer que nous avions adressé une lettre à Sa Majesté Felipe VI, Roi d’Espagne, le 7 février 2015 (dont une copie est jointe à cette lettre), au sujet de la guerre chimique contre les populations civiles du Nord du Maroc pendant la guerre du Rif de 1921 à 1927, lui demandant d’intervenir en faveur d’une solution amiable à ladite question de l’utilisation d’armes chimiques de destruction massive, par ailleurs interdite par le droit international.

La Maison Royale a eu l’amabilité de nous répondre le 29 mai 2015, précisant qu’elle avait adressé ladite lettre au Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, qui était l’organe compétent, pour qu’il l’étudie et nous fasse parvenir la résolution appropriée. En conséquence, notre délégation composée du Dr Mimoun CHARQI, Amina IBNOU-CHEIKH et moi-même, avons été convoquées en première instance à l’Ambassade d’Espagne à Rabat le 23 juin de la même année, et reçue par M. Camilo VILLARINO MARZO et M. José Luis LOZANO GARCIA, avec qui nous avons eu le privilège de nous entretenir longuement sur le sujet et de leur fournir des documents à ce sujet.

En l’absence de réponse officielle, nous avons eu l’initiative de rappeler cette affaire à M. Alfonso DASTIS, ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du précédent gouvernement populaire de M. Mariano RAJOY BREY, à travers une lettre envoyée le 7 novembre 2017, dans laquelle nous vous avons demandé d’agir avec votre autorité morale et votre responsabilité politique pour nous fournir une telle réponse. En effet, le précédent Ministre M. DASTIS, a été sollicité par le Député d’ERC M. Joan TARDA i COMA aux Cortes le 7 février 2018/2968, et a déclaré à cet égard qu’il avait bien reçu notre courrier (https://youtu.be/JWLUlN62cMI?t=46) et a publiquement promis de donner suite aux demandes de notre ONG concernant l’utilisation d’armes chimiques dans les campagnes du Rif. Malheureusement, ni M. DASTIS, ni son prédécesseur M. José Manuel GARCIA-MARGALLO, ni M. Josep BORRELL FONTELLES et ni Mme Arancha GONZALEZ LAYA n’ont pris la peine de le faire. Par conséquent, ils n’ont pas pris au sérieux ni nos revendications légitimes ni les directives royales émanant du chef de l’État.

Cependant, M. Josep BORRELL FONTELLES, lorsqu’il dirigeait ce portefeuille des affaires étrangères, avant de devenir chef de la diplomatie européenne, après avoir été rappelé par l’ancien porte-parole de l’ERC, M. TARDA, à la Commission étrangère du Congrès des députés, le 19 décembre 2018, a déclaré qu’à l’occasion du centenaire de la bataille d’Annoual en 2021, l’Espagne et le Maroc entameraient un processus de soigner les blessures des uns et des autres, « et a souligné que tout processus de réparation et de réconciliation devrez prendre en compte ce qui s’est passé dans Annoual« .

www.europapress.es/nacional/noticia-borrell-plantea-utilizar-centenario-batalla-annual-cerrar-heridas-marruecos-guerra-rif-20181219220356.html).

Votre Excellence Monsieur le Ministre,

A l’occasion de ce même centenaire de la bataille d’Annoual, que la télévision TVE a eu le courage de nous rappeler et a diffusé un opportun reportage le 7 août dernier (www.rtve.es/play/videos/informe-semanal/100-anos-annual-donde-espana-retorcio-su-historia/6046999/?media=tve ), nous vous demandons de bien prendre la bonne décision, de soumettre cette épineuse question à votre gouvernement progressiste, et ce, afin de nous transmettre une bonne fois pour toutes cette résolution officielle attendue.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.

Signé : Rachid RAHA MIMOUN, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)

Fait à Madrid, le 11 novembre 2021

PARTAGER