Les Amazighs demandent aux états de Tamazgha de respecter la «Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones»

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La ville de Tiznit a accueilli le forum international sur les droits des Amazighs dans le cadre de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », à l’occasion de la dixième année de son adoption, à la ville de Tiznit du 28 au 30 avril dernier organisé par le Journal « Le Monde Amazigh », l’Association Anamour de Tiznit et l’Association Abaraz de Souss, en collaboration avec la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté, le Conseil Provincial de Tiznit, la Municipalité de Tiznit et l’Assemblée Mondiale Amazighe. Le dit forum s’est organisé en parallèle avec l’écoulement de six années après le Printemps démocratique des peuples. Il s’inscrit également dans le cadre de la préparation du neuvième congrès général de l’Assemblée Mondiale Amazighe qui sera organisé dans la capitale tunisienne au mois de novembre 2017.

Après le déroulement du programme de la rencontre, les participants ont conclu à un ensemble de points et de recommandations découlant d’un échange fructueux portant sur divers problématiques et dossiers concernant le peuple amazighe sur tout le territoire de Tamazgha. Sur ce, nous déclarons à l’opinion publique ce qui suit :
· Nous affirmons que les Amazighs, en tant que peuple autochtone d’Afrique du nord, bien qu’il constitue la majorité de la population dans la région, subit toujours moult violations qui sont en contradiction avec la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » et la « Déclaration universelle des droits de l’homme » ainsi que les autres pactes et chartes mondiales relatives aux droits culturels, linguistiques, économiques, sociaux et politiques.

· Bien que les Etats d’Afrique du nord aient ratifié plusieurs chartes mondiales des droits de l’homme, leurs constitutions n’ont pas encore atteint le degré de cohésion avec ces chartes quant à la prépondérance des droits internationaux par rapport aux législations nationales.

· Tous les Etats d’Afrique du nord, même si leurs constitutions octroient à l’amazighe le statut de langue officielle et reconnaissent des droits, connaissent une contradiction entre les textes juridiques et les politiques de ces pays sur le terrain. Ce qui renforce les souffrances du peuple amazighe vis-à-vis des Etats qui promulguent des lois officielles et agissent selon un droit coutumier. Fait qui approfondi ces souffrances réside dans le ciblage continu des activistes amazighes qui défendent les valeurs et les principes ainsi que les pactes universaux dans leur lutte, face à des régimes, des partis et des entités dictatoriales et racistes, fondés sur des constantes nationalistes arabes extrémistes et un islam politique extrémiste.

· Et du fait que les Etats d’Afrique du nord n’appliquent pas leurs lois et du fait ces lois contredisent la majorité des contenus de ces dites lois et des dispositions de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » ainsi que les chartes internationales et des peuples, le peuple amazighe souffre, au Maroc, en Algérie, en Lybie, en Tunisie, dans l’Azawad, au Niger et dans les autres pays où vivent les Touaregs ainsi que dans la Diaspora, de guerres et de crises humanitaires. Crises qui s’incarnent dans le manque de nourriture, la famine, l’émigration forcée, la répression, les assassinats, le racisme et la ségrégation ethnique, l’exclusion et la marginalisation politique, culturelle, économique et sociale, conformément aux données suivantes :

En Lybie :
· Immédiatement, après la chute du régime de Kadhafi, les Amazighs et les Touaregs, à plusieurs fois, ont subit des attaques militaires. Outre, ils ont souffert de la guerre qui a sévi entre les autres composantes libyennes, qui provoque des morts et des blessés. Plusieurs ont été forcé à l’exil, qu’ils soient du sud pour les Touaregs ou de l’Ouest pour les Amazighs.

· Dans toutes les négociations et dans différents étapes du dialogue inter-libyen, toutes les parties ont refusé de reconnaître les droits amazighes, particulièrement la révision de l’article 30 de la déclaration constitutionnelle libyenne, pour offrir l’occasion de constitutionnaliser l’amazighe, le touareg et le toubou comme langues officielles au même titre que l’arabe en Lybie, conformément aux chartes mondiales des droits de l’homme et à la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », ratifié par Le Haut conseil des Amazighe de Lybie.

· Nombre d’Amazighes et de Touaregs ont été objet d’assassinats, de menace voire d’ethnocide de la part de « l’armée arabe », conduit par le Général Khalifa Haftar qui bénéficie du soutien du parlement de Toubroq dont le mandat s’est bien achèvé.

· Les Amazighs ont opté pour toutes les formes de contestation pacifique durant les six années dernières, y compris les sit-in, les marches, les grèves et la rébellion. Mais les autres parties libyennes (dont des organisations nationalistes arabes et islamistes modérées ou extrémistes) n’ont pas changé d’avis et ont continué à refuser la reconnaissance de leurs droits dans la constitution libyenne d’après la révolution. Parties qui ont bénéficié du soutien de pays arabes du Proche Orient en armes et en argent et qui participaient de temps en temps avec des avions militaires dans des opérations.

En Tunisie :
· La constitution tunisienne de l’après révolution ne comporte aucune allusion à la présence des Amazighs ni de leur langue ou culture dans le pays qui a subit l’arabisation durant des siècles. Bien plus, la constitution tunisienne de l’après révolution a consacré l’arabité du pays et a consacré l’arabe comme langue officielle et la Tunisie comme pays appartenant au monde et au Maghreb arabes. Cette constitution exclusiviste comporte un article qui fait de l’identité tunisienne une identité arabe. Un autre article stipule l’impossibilité de réformer ou amender l’article précédent. Fait qui condamne éternellement et symboliquement, la reconnaissance des droits des Amazighs en Tunisie

· Le racisme et la ségrégation à l’encontre des Amazighs que la constitution de l’après révolution consacre sont caractérisé par la création de plusieurs associations amazighes dont la majorité a demandé la reconnaissance des droits linguistique et culturel amazighs. Leurs revendications ne sont pas satisfaites. Elles sont ignorées par l’Etat et les politiques, bien que l’amazighe, dans ce pays, est menacée dans son existence en raison du nombre réduit de ses locuteurs et bien que la majorité du peuple tunisien est d’origine amazighe.

La République tunisienne est en contradiction avec les dispositions de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » et la « Déclaration universelle des droits de l’homme » ainsi que des autres chartes et recommandations onusiennes.
En Algérie :
· L’Algérie a officialisé la langue amazighe depuis plus d’une année. Mais cette officialisation est tributaire d’une loi organique qui n’est pas encore promulguée. De ce fait, cette officialisation reste sur du papier.

· Les autorités algériennes ont kidnappé 165 activistes des droits amazighs, issus d’Oued M’Zab. Dont 43 détenus. Parmi eux, figure le militant des droits amazighs Dr. Kamal Eddine Fekhar qui a passé en prison, en compagnie de ses amis, presque deux ans sans jugement. Une arrestation arbitraire qui s’est fait sans respect des lois algériennes ni internationales. Nombre de détenus mozabites des droits sont morts en prison. Un autre nombre observe une grève de faim qui menace leur vie, tel est le cas de Dr. Kamal Eddine Fakhar qui a observé une grève de faim durant 110 jours. Il arrêté sa grève sans que les autorités algériennes répondent à ses revendications. Revendications similaires à celles revendiquées par des organisations amazighes et juridiques mondiales comme Human Right Watch et Amnéstie Internationale. Organisations qui revendiquent la présentation des détenus devant un tribunal ou fournir des preuves relatives à leur accusation, sinon leur libération.

· Le régime algérien, après ses crimes d’assassinat et d’arrestations hors la loi dans la région de Kabylie, a poursuit ses mêmes méthodes contre les Amazighs du Mzab. Ce, en encourageant et en soutenant les milices « arabophones » des Chaamba qui attaquent les Amazighs comme en témoignent les photos et les vidéos publiées par les activistes amazighs du Mzab. Actions qui ont abouti à des dizaines de morts, de blessés et d’exilés. Par la suite, ce régime entama une opération d’arrestations arbitraires contre les activistes et les défenseurs des droits mozabites sans respect des normes et lois internationales.

En Azawad :
· Suite aux souffrances des Touaregs de l’Azawad de la marginalisation et de la répression de la part du régime malien qui les a contraint à des affrontements militaires, la France intervint dans le cadre de l’opération « Serval », pour mettre fin aux aspirations des Touaregs quant à leur indépendance de Bamako. Avant qu’elle ne lance, avec les pays voisins, sous le parrainage des Nations Unies, un dialogue de paix et de réconciliation, conformément au processus algérien qui a permis la signature d’une convention en 2015 à Bamako. Mais aucun article de cette convention n’a été appliqué, exception faite de la création de compagnie regroupant les mouvements de l’Azawad et les forces maliennes, commandées par les forces françaises.

· Les citoyens touaregs souffrent de crises humanitaires aigues, inhérentes au manque d’alimentation, à la famine et aux différents types de souffrances humanitaires. Et ni la France ni le Mali n’ont fourni aucun effort pour alléger ces souffrances. Bien au contraire, le discours politique français et onusien a focalisé sur la lutte contre les groupes terroristes qui bénéficient du soutien des pays voisins dont l’Algérie.

· La solution à l’insécurité en Azawad ne pourrait se résoudre militairement ni par la France ni par le Mali, seulement l’application de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » et l’octroi du statut d’autonomie politique à Azawad pourrait y arriver à résoudre ce conflit régional.

Au Maroc :
· L’Etat marocain a officialisé l’amazighe en 2011 pour calmer les contestations du Printemps démocratique des peuples. Mais Elle a liée cette officialisation à une loi organique qui ne fut promulguée depuis ce temps. Ainsi l’officialisation de l’amazighe reste en suspens. Bien plus, Cette officialisation est dépendante d’une loi organique, qui a été exploitée par des institutions étatiques et par certains partis politiques pour remettre en question tous les acquis fragiles de l’amazighe dans le domaine de l’éducation et des médias.

· L’Etat marocain a fait recours à un usage intensif de la violence contre les contestations pacifiques des Amazighs, tel est le cas de la contestation du Rif qui s’est déclenchée suite à l’assassinat du citoyen Mouhsin Fikri, broyé dans un camion d’ordures. L’Etat réprima les contestataires, bien qu’il reconnaisse la responsabilité de ses responsables et ce en arrêtant et jugeant un nombre d’eux.

· La politique demarginalisation de l’Etat marocain a conduit à la mort de la fille « Idiya » de la ville de Tinghir, en raison de l’absence de centres sanitaires adéquats qui devaient être équipés du minimum de moyens, dans une région où se trouve la plus grande mine d’argent d’Afrique.

Nous, dans le cadre de « forum international sur les droits des Amazighs dans le cadre de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones »», demandons à tous les organisations et organismes mondiales des droits humains ainsi qu’aux pays du monde, en plus des Nations Unies, d’intervenir pour la protection du peuple amazighe en Afrique du nord, et ce, en contraignant les Etas de la région à respecter les clauses de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », de la « Déclaration universelle des droits de l’homme » et des différents pactes et chartes juridiques nationaux et internationaux.

Nous appelons les Amazighs a adopter le « Manifeste de Tamazgha pour une confédération démocratique et sociale, transfrontalière, basé sur le droit à l’autonomie des régions » (www.amadalpresse.com/fr/?p=327), adopté par l’Assemblée Mondiale Amazighe, lors de son septième congrès général dans la ville de Tiznit, au mois de décembre 2013. Nous appelons également à des actions opérationnelles et à la coordination, sur la base des résultats. Avec toute partie pouvant mettre fin aux souffrances du peuple amazighe, dans le cadre de la clarté et de la transparence, du respect des normes et des lois, du respect de la fidélité aux références fondées sur les pactes internationaux des droits de l’homme et des peuples, particulièrement, la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».

Et nous réaffirmons, suite à ce qui précède, la nécessité d’octroyer aux Amazighs une représentation dans les structures des Nations Unies, en tant que peuple sans Etat dans les pays d’Afrique du nord.
En définitif, nous attirons l’attention de tous les activistes amazighs quant à la vigilance pour ce qui concerne le ciblage continue des activistes amazighes et à leur exploitation par des entités et des pays nationalistes arabistes, racistes ou islamo-extrémiste qui refusent l’Autre.

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