Comment la France et l’Europe pourraient-elles lutter efficacement contre l’islamisme radical?
A l’attention de Monsieur Jean-Yves LEDRIAN Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères De la République française en visite au Maroc
Monsieur Le Ministre,
Tout d’abord, je vous informe que nous avons suivi avec indignation les horreurs des attentats perpétrées récemment par des terroristes en France, et tout récemment à Vienne en Autiche. En mon nom personnel et au nom de l’ensemble des membres de notre ONG internationale, l’Assemblée Mondiale Amazighe, et du peuple Amazigh, nous adressons nos condoléances les plus sincères aux familles et proches des victimes de ces odieux attentats. Et nous exprimons notre entière solidarité avec le peuple français, autrichien et tous les peuples d’Europe.
Monsieur Le Ministre,
Nous avons eu le plaisir de vous adresser à travers votre ambassadrice au royaume du Maroc, un courrier signé par plus d’une cinquantaine d’ONG amazighs, dans le but de vous interpeller sur les droits des Amazighs et sur le manque du respect de la ligne éditoriale de votre chaîne France24 de l’identité historique de toute l’Afrique du Nord et nous avons reçu aucune réponse jusqu’à maintenant?
Monsieur Le Ministre,
Permettez-moi de vous demander de nous écouter et de vous exposer notre point de vue sur le pourquoi de cette obsession de ces dernières attaques terroristes visant essentiellement vos citoyen-ne-s français et votre pays France et l’Europe, et sur le comment combattre cet « islamisme radical ».
Premièrement, le fait de continuer à ignorer nos légitimes requêtes et que vos chaînes d’informations s’obstinent à utiliser la dénomination du « Maghreb arabe », – et plus particulièrement France24 qui est sous la responsabilité directe de votre département ministériel-, vous continuez à déformer « la vérité historique» et par conséquent vous continuez à alimenter le déracinement identitaire et le radicalisme islamiste. Pourquoi ?
Pour vous avancer une certaine explication à ce bizarre constat comme quoi 70% des 231 estrangers radicalisés, fichés S, que la France voudrait expulser ces jours-ci sont des ressortissants des pays du Maghreb, et qui figure parmi les principaux motifs de votre actuel visite au Maroc et celle de votre ministre de l’Intérieur en Tunisie, je n’ai qu’a insisté à vous exposer ce que j’avais déjà signalé à la directrice générale de l’UNESCO, Mme. Audrey Azoulay, en novembre 2017 (1):
« Dernièrement, à la suite des attentats de Barcelone du 17et 18 août 2017, la presse espagnole n’a pas arrêté d’attaquer ouvertement le royaume du Maroc comme étant la principale source de djihadisme international, à tel point que l’une des unes de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » l’a intitulé ‘‘Terrorisme. Born in Morocco’’ (2). Le journal « La Razon » est allé encore plus loin en affirmant que: ‘‘70% des terroristes djihadistes qui ont attaqué en Europe au cours des quinze dernières années sont de nationalité marocaine. Le royaume alaouite est devenu le berceau de la radicalisation pour les jeunes engagés dans le djihad’’ (3). De ce fait, c’est exagérément anormal que le Maroc qui compte sur une population de 35 millions de personnes, sur une population mondiale de musulmans de plus de 1,6 milliard de personnes, s’accapare 70% des djihadistes islamistes qui ont commis des attentats atroces en Europe !
Personne n’arrive à donner des explications convaincantes à ce phénomène bizarre, mais qui revient en dernière instance au rôle néfaste de l’école marocaine (et par extension des écoles nord-africaines). Personnellement, j’ai essayé d’en offrir une certaine explication à travers ma lettre ouverte envoyée à Mme. la Chancelière allemande Angela Merkel à propos du sujet de «L’avenir de l’Europe, l’émigration nord-africaine et l’international islamiste», au mois d’avril 2017. Je lui avais souligné que : «… Les gouvernements européens ne savent quoi faire ni comment apporter des solutions adéquates à la crise économique ni au chômage des jeunes, ni aux flux ininterrompus de réfugiés et des émigrés, ni encore moins au problème épineux du terrorisme rampant. Les terroristes n’ont pas hésité de frapper en plein cœur de l’Europe, comme les attentats meurtriers de Paris du 13 novembre 2015 et de Bruxelles du 22 mars 2016 et la ville de Berlin du 19 décembre 2016. Après Londres, personne ne sait quelle est la prochaine cible…
L’opinion publique européenne a la sensation que l’UE, soixante ans après le traité de Rome, est devenue impuissante à stopper le recrutement de certains jeunes citoyens européens qui font allégeance à Daech, qui intègrent ses cellules ou en agissent comme des loups solitaires, provoquant de plus en plus d’attentats barbares et choquants non seulement en Syrie, en Iraq, en Libye… Pourquoi des jeunes d’origine nord-africaine tombent dans les réseaux terroristes islamistes et commettent ces attentats portant atteinte et préjudice à leurs familles, à l’image de leur religion et à la stabilité de leurs communautés dans les différents pays nord-méditerranéens, qui les ont bien accueillis, qui leur ont octroyé la nationalité et qui leur ont permis de jouir des mêmes droits individuels et d’un certain bien-être social ?
Comment remédier à cette situation ? Il faut comprendre pourquoi des jeunes, dont les valeurs ancestrales condamnent toute type de violence, arrivent à tomber dans les filets des réseaux terroristes, et commettent des actes sanglants, sachant bien qu’ils portent de graves préjudices à leurs familles, au message de paix de leur religion musulmane et à la stabilité et convivialité de leurs communautés dans vos différents pays.
L’extrême droite ne ménage aucune opportunité pour attribuer directement ces maux à la religion islamique, alors qu’en réalité, cette problématique revient en grande partie à un autre phénomène. L’historien français, Pierre Vermeren ne cesse de nous rappeler que la majorité des auteurs des attentats de Madrid de 11 mars 2004, ceux de Paris et de Bruxelles sont d’origine marocaine, et plus précisément sont originaires de la région du Rif (4). Mais ce qui est encore plus dangereux, c’est le fait qu’au cas où certains jeunes rifains, déjà à la tête du trafic du cannabis du Maroc vers l’Europe, tombent en masse aux mains de l’Etat islamique ou d’Al Qaida, ils arriveront, sans aucun doute, à déstabiliser tout le Maroc et toute l’Europe (5).
Effectivement, si vos services de sécurité essayent de procéder à enquêter en profondeur sur l’origine de ces plus de 800 jeunes allemands que Daech a réussi à recruter, ils réaliseront qu’il s’agissait plutôt de jeunes d’origine marocaine, alors qu’ils devraient normalement être d’origine turc, du fait que la communauté musulmane la plus importante en Allemagne est évidemment turc. Plus nombreuse que celle d’origine marocaine. Disons-le clairement : les raisons de ce recrutement ne sont pas vraiment liées à la religion, mais plutôt et prioritairement à la question de « la crise d’identité » (6). Si le fait religieux y contribue dans une certaine mesure, c’est parce qu’on a permis aux imams wahhabites du Proche Orient de gérer des mosquées fréquentées majoritairement par des musulmans malékites d’Afrique du Nord, comme c’est le cas de la grande mosquée de Bruxelles, sachant que la grande majorité des musulmans européens d’origine nord-africaine sont de doctrine malékite, une doctrine qui respecte la vie humaine, et qui a été diffusée par la dynastie amazighe des almoravides.
Si la majorité des jeunes issus de l’émigration tombe dans la délinquance, – dont une infime partie a été séduite par ces thèses du djihadisme-, c’est que «l’école allemande » du pays d’accueil n’a pas réussi leur intégration scolaire. C’est qu’ont observé vos responsables éducatifs dans les années soixante et soixante-dix, et qui ont eu le mérite de développer et d’appliquer le programme éducatif basé sur l’ELCO, à savoir « l’enseignement des langues et cultures d’origines ». Ce qui a poussé votre ministère de l’éducation nationale à l’époque de passer des accords avec les pays émetteurs de l’émigration, pour dispenser de manière complémentaire des cours de langues espagnole, portugaise, italienne, polonaise, turque et arabe… Les résultats étaient spectaculaires : les écoliers d’origine espagnole, portugaise, italienne, … y inclus ceux qui sont musulmans et d’origine turc, ont tous amélioré leur rendement, l’échec scolaire s’est réduit notablement, et par conséquent, ils ont bien réussis leur intégration sociale et socioprofessionnelle; cela n’a pas été le cas des élèves d’origine marocaine, dont les résultats sont devenus pire qu’avant. La réponse se trouvait dans le simple fait que ces enfants d’origine marocaine n’étaient pas des « Arabes », ils n’étaient pas de culture arabe ni connaissaient la langue arabe. Ils ne comprenaient rien aux enseignants marocains parce que ces enfants étaient (et le sont toujours) presque tous des Amazighs, des berbères originaires des montagnes du Rif. Si les élèves turcs comprenaient parfaitement les enseignants envoyés par le gouvernement d’Ankara, les élèves d’origine marocains ne comprenaient pas du tout les enseignants arabophones. Ces derniers ont permis d’accentuer leur « crise d’identité », de les sous-valoriser et de les condamner aux marges de la société, à élargir les poches de la délinquance, à multiplier les réseaux du trafic de drogue et dont certains terminent fatalement à se convertir en ‘bombes humaines’ (7).
Ainsi, et dans l’intérêt général, pour mieux intégrer les enfants égarés et déracinés, il fallait (et il faut toujours) des enseignants en langue amazighe. …
Par contre l’idée de la ministre française Najat Vallaud-Belkacem, elle-même amazighe d’origine rifaine, qui voudrait enseigner l’arabe dans les écoles françaises, est une idée parfaitement contreproductive. Au lieu d’intégrer prioritairement sa langue maternelle, qu’est la langue amazighe, au lieu d’aider les enfants d’origine nord-africaine à récupérer les valeurs originelles de leur millénaire identité amazighe, basée sur la tolérance, la liberté, et l’égalité, comme le préconisent les valeurs de la République Française, elle veut leur imposer l’enseignement de l’arabe classique, en aliénant les citoyens Amazighs d’Europe d’origine des montagnes de la Kabylie, de la vallée du Souss, des montagne du Rif et des cordillères de l’Atlas. Ainsi, elle essaie de leur imposer «une politique d’arabisation idéologique», qui a déjà ruinée le système éducatif du Maroc et de tous nos malheureux pays de Tamazgha d’une façon impitoyable et irréversible. On dirait que la ministre française (à l’époque) ignore que le déracinement et l’acculturation, commencés dans le pays d’origine et qui continuent dans le pays d’accueil, poussent inéluctablement les jeunes musulmans, selon la pertinente étude de Manuel Llamas réalisée à la ville de Melilla, à la radicalisation en faveur des mouvances islamistes (7). »
Monsieur Le Ministre,
Votre premier ministre M. Jean Castex vient de déclarer avant-hier que « Le terrorisme s’en prend à ce que nous sommes, à ce qui fait notre identité, à notre liberté, à notre culture et enfin à nos vies. L’ennemi, nous le connaissons, non seulement il est identifié, mais il a un nom, c’est l’islamisme radical, une idéologie politique qui défigure la religion musulmane en détournant ses textes, ses dogmes et ses commandements pour imposer sa domination par l’obscurantisme et la haine« . Si votre gouvernement, ainsi que les autres gouvernements européens, sont vraiment déterminés à combattre l’islamisme radical, il faudrait alors attaquer, une fois pour toute, aux sources de son financement.
Comme je l’avais exprimé auparavant aux eurodéputés du précédent mandat (et que j’enverrai une copie de cette correspondance aux actuels eurodéputé-e-s de parlement européen), les pays européens, dont la France, devraient être plus fermes et couper toutes relations commerciales et diplomatiques avec les pays qui financent le terrorisme, et plus particulièrement avec le petit émirat de Qatar. Tant que vous continuez à dérouler le tapis rouge dans vos capitales aux dirigeants et aux princes de Qatar, les attentats islamistes ne connaîtront jamais de trêve!
Ce que manifestement tout le monde ignore de Qatar c’est que ses principaux objectifs de soutenir les « frères musulmans », à travers sa chaîne d’Al Jazeera (qui fait l’apologie de la violence) et le salafisme djihadiste violent, ne sont pas seulement d’ordre idéologiques, sinon elles sont aussi d’ordre économiques et financiers.
Son but idéologique est la diffusion du «wahhabisme»: appliquer la loi islamique de la « Chari 3a » à l’Afrique, à sa région septentrionale et au sein des communautés européennes d’origine nord-africaine, comme l’ont déjà réaliser à un certain moment les talibans afghans et tout récemment le sanguinaire « Etat islamique » de sinistre Al-Zarqaoui. Le Qatar voudrait imposer la même politique hégémonique et totalitaire que celle des baathistes, comme faisait le défunt dictateur libyen Mouammar Qadafi avec « l’arabisation idéologique ». Si ce dernier, par exemple, aspirait à «arabiser» tout le continent africain, le Qatar, souhaite le « wahhabiser », en utilisant les mouvements salafistes djihadistes, qui ont fait l’allégeance à Al Qaeda, et surtout à Daech. Comme il l’a déjà fait en finançant, au Nord du Mali, le mouvement d’Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghalli, spécialisé dans le kidnappage des otages français (8).
Et quant à son objectif économique, c’est d’utiliser le radicalisme islamiste pour s’accaparer des économies et des richesses des états. Comment?
C’est ce que j’ai essayé d’expliquer aux dirigeants tunisiens lorsque l’état frère de Tunisie, qui après réussi son extraordinaire « révolution de jasmin », leur pays devenait curieusement la cible privilégiée d’attentats répétitifs de la part des groupes terroristes, qui ont réussi dans une certaine mesure à provoquer la ruine de son économie nationale, basée principalement sur le tourisme internationale, qui vient précisément de France (9).
Et là, j’espère que vous allez comprendre parfaitement le pourquoi de cette vaste campagne de boycott des produits français, fomenté par le Qatar et que la Turquie a joué le principal rôle théâtral sur le terrain, en appelant les musulmans du monde entier à boycotter vos produits, à ruiner votre économie, justement au moment où l’économie française est déjà profondément affaibli par la pandémie de coronavirus Covid19. Une campagne largement amplifiée à travers sa chaîne d’(dés)information d’ALJAZEERA, mais aussi à travers ses chaînes sportives de BEIN. C’est quoi leur stratégie?
Les qataris, avec leurs pétrodollars, ont goutés, dans le passé, au jeu financier de viser des entreprises en difficulté de liquidités et en faillite, qu’ils achetaient à bas prix. Ensuite, ils arrivaient à les redresser, comme le faisait, de manière exemplaire, le milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal. Et après, une fois redressées, ils les cotisent et les introduisent dans les marchés boursiers, en réalisant d’énormes profits! Maintenant, ce qu’ils faisaient avec ces grandes entreprises, ils le font de manière similaire avec des petits états entiers, en jouant sur le destin de leurs peuples, juste après la ruine de leurs économies nationales. Des ruines qui sont parfois minutieusement provoqués à la suite d’être ciblés par des attaques terroristes ! Ainsi par exemple, avec la Turquie qui a sombré dans une crise financière sans précédent, avec l’avènement au pouvoir de leur marionnette Rajap Tayyeb Erdogan, et qui s’est aggravé par la vertigineuse déviation de sa monnaie, l’émir de Qatar n’a pas hésité à soutenir la Turquie en lui accordant des prêts et crédits faramineux que le pauvre état ottoman ne pourrait y rembourser. Comme conséquence, le petit émirat dicte toute sa politique de prosélytisme religieux, et se cache derrière ce géant ottoman, en voulant « wahhabiser » et ruiner les économies nationales de l’Irak, de la Syrie et de la Libye, à travers le soutien notoire de Daech!
Ce qu’il faut retenir de ces durs moments que traversent votre pays, c’est que le jeu de monopoly de Qatar ne se contente plus de s’accaparer de quelques hôtels en plein centre de Paris, ni de la participation dans le capital de quelques sociétés françaises, ni des clubs sportifs comme le PSG, sinon il ambitionne de s’offrir, comme plat fort, la France elle-même, comme point de mire, bien sûr, ses sociétés du CAC 40 qui souffrent tous des graves conséquences de la pandémie de Covid19? Tel est le secret de ses cartes, celui de transformer la France en une cible privilégiée, à travers ces répétitifs attentats terroristes, accompagnés par cette vaste et néfaste campagne de boycott, en utilisant à merveille le prétexte des caricatures… Mais ce qui est le plus surprenant dans tout cela, c’est que les dirigeants de Qatar ne sont pas conseillés dans ce financier « monopoly game of thrones » seulement par ses jeunes mercenaires traders anglais, logés gracieusement dans les tours des gratte-ciels de Doha, sinon ils sont conseillés aussi par un ancien président français, qui leurs avait déjà faciliter d’investir vos banlieues et de « wahhabiser » sa jeunesse musulmane!
En espérant avoir réussi à attirer votre attention sur ces questions cruciales et vous inviter à vous pencher consciencieusement sur nos légitimes requêtes (que nous vous envoyons de nouveau ci-dessous), nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération fort distinguée.
Signé : Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe.
Références :
(1b).Jeune Afrique n° 2955 du 27 août au 2 septembre, Paris 2017.
(4). Rachid Raha, la revendication identitaire au Rif, Paris, 14 décembre 2014 in https://www.youtube.com/watch?v=GHx7Ron3_IA.
(5). Dr. Mimoun Charqi, L’identité entre revendications légitimes et dérives terroristes, in www.amadalpresse.com/fr/?p=526
(6). Rachid Raha: Le Maroc produit-il des terroristes ? in http://amadalpresse.com/RAHA/Terroristes.html .
(7). Manuel Llamas, Melilla y el islamismo, Instituto de las Culturas, Melilla, 2011.
Correspondance des ONGs Amazighs envoyée le 22 juin 2020:
A l’attention de Monsieur Jean-Yves LEDRIAN Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères de la République française.
Objet : droits des Amazighs, libération des prisonniers politiques des Hiraks du Rif et d’Algérie et discrimination raciale de France24.
Monsieur Le Ministre,
Eu égard aux constats alarmants de violation des droits des Amazighs, nous venons attirer votre attention sur trois questions essentielles, à savoir :
- les nouveaux droits des Amazighs ;
- la libération des prisonniers politiques du Hirak du Rif et du Hirak d’Algérie ;
- la persistance de la discrimination raciale de France24 à l’encontre de tous les Amazighs.
- Les nouveaux droits des Amazighs
Les Constitutions du Royaume du Maroc et de la République d’Algérie ont reconnu l’officialité de la langue amazighe, respectivement en 2011 et 2016. Ainsi, au Maroc la loi organique N° 26.16, votée à l’unanimité par les deux chambres du parlement, concernant la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, est entrée officiellement en vigueur, après sa publication au Bulletin Officiel, le 26 septembre dernier.
De ce fait, nous vous prions de bien vouloir, primo, de faire traduire en amazighe et écrire en graphie tifinagh tous vos écriteaux et vos plaques de signalisation de vos institutions diplomatiques se trouvant sur le sol nord-africain (ambassade, départements consulaires et centres culturels) et, secundo, d’inclure la langue amazighe dans tous les programmes de conventions bilatérales que vos différents gouvernements ont signé avec les pays d’Afrique du Nord, notamment les accords bilatéraux concernant les « Enseignements de Langue et de Culture d’Origine (ELCO) », mis en œuvre sur la base d’une directive européenne du 25 juillet 1977 visant à la scolarisation des enfants des travailleurs migrants.
Un programme éducatif, qui a été intentionnellement mal interprété et substitué par le programme Enseignement International des Langues Etrangères (EILE), et que le président M. Emmanuel MACRON viens d’afficher sa volonté de supprimer lors de ses annonces à Mulhouse le 18 février dernier, où il renonce également à l’enseignement de la langue arabe dans les écoles publiques, à l’exception de celui signé avec la Tunisie.
Ces programmes n’ont en effet, jamais donné les résultats escomptés parce qu’ils ne prennent pas en compte des langues maternelles des pays d’origine d’Afrique du Nord, faisant fi des recommandations de l’UNESCO. M. Jack LANG, président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) légitime ses aberrations idéologiques visant à affirmer que la « langue arabe est une langue et un trésor de France », ce qui est inadmissible d’autant plus qu’il cherche à répandre sa propre vision falsifiée de l’Histoire.
Ce qui est plutôt un trésor de France, historiquement parlant, c’est plutôt la langue amazighe que parle la grande majorité de citoyennes et citoyens français issus de l’Afrique du Nord. Ces derniers ne parlent pas la langue arabe classique, mais plutôt les différentes variantes de la langue amazighe, la deuxième langue avec ses variantes, la plus parlée dans les territoires français : kabyle, tachelhit, tamazight, tarifit, tamzabit, tamacheqt, darija… Néanmoins cette langue amazighe millénaire, aujourd’hui exclue des programmes ELCO et/ou EILE, véhicule sans équivoque, les mêmes valeurs sociétales de liberté, d’égalité et de démocratie que celles de la République française.
- La libération des détenus des Hiraks du Rif et d’Algérie
En ce qui concerne les graves événements du Mouvement populaire du Rif, au nord du Maroc, connu sous le nom de « Hirak du Rif », qui ont eu lieu en 2017/2967 lesquels évènements était suivis de près par Le président Emmanuel MACRON, qui en avait manifestement exprimé ses préoccupations, nous tenons à vous rappeler que les autorités marocaines ont malheureusement privilégié une attitude sécuritaire et répressive excessive, condamnant des jeunes à des peines de prison allant jusqu’à vingt ans pour avoir osé, pacifiquement, manifester et revendiquer des droits économiques et sociaux, tels que la construction d’un hôpital spécialisé en traitements oncologiques.
De même, depuis le déclenchement de la contestation populaire et pacifique en Algérie, le 22 février 2019, les autorités algériennes n’ont pas cessé de violer les droits humains en poursuivant arbitrairement les militants et les journalistes.
En temps d’expansion de la pandémie du coronavirus, alors que les Nations Unies et la Haut-Commissaire aux droits humains demandaient la libération des prisonniers, les autorités algériennes et marocaines se sont obstinés à ignorer ces recommandations. L’Algérie a continuée à réduire au silence les militants et les journalistes, par des procès expéditifs et arbitraires. Selon Amnesty International, juste qu’entre le 7 mars et le 13 avril 2020, dans six villes en Algérie, au moins 20 militants ont été convoqués, pour être interrogés par la police, ou interpellés et placés en détention provisoire, ou condamnés pour des accusations découlant de l’exercice de leurs droits à la liberté d’expression ou de réunions pacifiques. Des procès contre des militants qui ne font que réclamer des réformes démocratiques en faveur d’un état civil de droits. Sans oublier les détenus mozabites et l’assassinat politique de Dr. Kameleddine Fekhar.
Aussi, nous vous demandons de bien vouloir vous saisir d’urgence de ces affaires, au vu des injustices que vivent au quotidien les jeunes des Hirak du Rif et d’Algérie incarcérés dans les différentes prisons… Nous vous prions également de bien vouloir prendre position contre cette dérive autoritaire et répressive indigne des gouvernements marocain et algérien, en les exhortant à procéder à la libération immédiate, et sans conditions, de tous les détenus politiques, eu égard aux accords de coopération franco-marocains et franco-algériens, et plus particulièrement, l’accord d’association entre l’Union Européenne et les pays d’Afrique du Nord. Tous ces accords ont pour objectifs fondamentaux la promotion effective de la démocratie et le respect des droits de l’Homme, comme le stipule le passage ci-après: « Le respect des principes démocratiques et droits fondamentaux de l’Homme, tels qu’énoncés dans la déclaration universelle des droits de l’Homme, inspire les politiques internes et internationales de la communauté et du Maroc, et d’Algérie, et constitue un élément essentiel du présent accord».
- Respect de la ligne éditoriale de France24 de l’identité historique de toute l’Afrique du Nord en rectifiant les appellations discriminatoires de « Maghreb Arabe » et de « printemps arabe »
Vos diplomates et chaines de radios et télévisions officielles ne cessent d’utiliser la dénomination de « Maghreb arabe » et « Printemps arabe ». Ainsi, nous portons à votre connaissance que nous avons envoyé des courriers recommandés, avec accusé de réception, respectifs à Monsieur Marc SAIKALI, directeur de France 24 et à Madame Marie-Christine SARAGOSSE, PDG de Groupe France Médias Monde à la date du (5/12/2018), les sollicitant aimablement pour faire cesser la dénomination du « Maghreb arabe » utilisée fréquemment dans les JT des chaînes de France24 en arabe, en leur assurant que « Le Maghreb n’a jamais été arabe, et il ne le sera plus jamais à l’avenir« . Surtout depuis que France24 avait eu le privilège de diffuser le scoop mondial, sur l’homo sapiens le plus vieux du monde, découvert désormais, au Maroc, à 70 km de Marrakech, à « Adrar n Ighoud » (Djebel Irhoud), datant de plus ou moins de 315 mille ans, et qui est, en fin de compte, l’ancêtre des Amazighs (Africains), des Arabes (Asiatiques), des Français (Européens) et de tous les peuples du monde!
(https://www.youtube.com/watch?v=yl-yo49hGqg).
Nous souhaiterions que vos diplomates et journalistes, ainsi que la ligne éditoriale des JT de vos chaines et plus particulièrement France24, étant sous la responsabilité directe de votre département ministériel, respectent de manière déontologique le principe essentiel de « vérité », en misant en faveur de la vérité historique et de la vérité scientifique. En effet, toutes les dernières découvertes archéologiques et toutes les conclusions des différentes disciplines scientifiques attestent que presque toutes les populations actuelles d’Afrique du Nord, qu’elles soient marocaines, algériennes, tunisiennes, libyennes, égyptiennes, mauritaniennes, canariennes et touarègues, sont toutes d’origine « Amazighe ».
Il est incohérent de continuer à utiliser des terminologies idéologiques, qui ne fait que promouvoir le « nationalisme arabo-salafiste » politique autoritaire, violent et décadent au détriment de l’objectivité scientifique et de la vérité historique, utilisant de fausses terminologies « Maghreb arabe » ou « printemps arabe », et qui ne font que blesser profondément les sentiments, la sensibilité, l’identité et la fierté des millions de citoyennes et citoyens originaires du sud de la Méditerranée, et ceux des millions de vos propres compatriotes français d’origine nord-africaine. En effet, il est plus correct d’utiliser la terminologie en lien avec les composantes historiques de l’identité des populations de la région septentrional de l’Afrique («Afrique du Nord», «printemps démocratique des peuples»…). Un printemps des peuples qui a commencé avec la révolution tunisienne de jasmin en décembre 2010, suivi par celle du 17 Février 2011 en Libye, du 20 Février au Maroc, et du 25 Février en Egypte, et tout récemment celle du Hirak d’Algérie de 22 Février 2019, toutes en terre d’Afrique du Nord, qu’on dénomme «Tamazgha».
En espérant avoir attiré votre attention et vous conduire à vous pencher consciencieusement sur ces requêtes, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération fort distinguée.
Liste ONG’s et Associations signataires:
1- Agraw Amadlan Amazigh (Amazigh World Assembly), Bruxelles (Belgique)
2- Association TIWIZI 59, Lille (France)
3- Espace Culturel Berbère Européen Afus Deg Wfus, Roubaix (France)
4- Agraw n RIF, Lille (France)
5- RIPOSTE INTERNATIONALE, Paris (France)
6- Fundación Mediterránea DAVID MONTGOMERY HART de Estudios Amazighies, Melilla (España)
7- Asociación TAMETTUT de las mujeres amazighes por la cultura y el desarrollo, Barcelona (Generalitat de Catalunya)
8- Asociación Cultural IMAZIGHEN, Melilla (España)
9- Asociación AZAR, Las Palmas de Gran Canaria (Islas Canarias)
10- Asociación socio-cultural TAMUSNI de Tenerife, Aguirre (Islas Canarias)
11- Espacio SOLIDARIDAD, Madrid (España)
12- Asociación THWIZA por la Identidad, Cultura y Justicia Social, Madrid (España)
13- Association TIFAWIN, Bruxelles (Belgique)
14- Association EUROKASSITA de développement solidaire, Bruxelles (Belgique)
15- 4- Association TAMAZIGHT, Liège (Belgique)
16- 5- Association HIWAR, Bruxelles (Belgique)
17- Association L’ESPOIRE, Bruxelles (Belgique)
18- Association socio-culturelle ARIF (Allemagne)
19- Association ADRAR, Amsterdam (Pays Bas)
20- Osservatorio per gli Studi Internazionali sul Mediterraneo Livorno (Italia)
21- Amazigh Cultural Network in America, Massachusetts (USA)
22- Tamunt Social and Cultural Association, Washington DC (USA)
23- Amazigh Community in America, New Jersey (USA)
24- Assemblée Mondiale Amazighe-Maroc, Rabat (Maroc)
25- Forum TOUBKAL pour la culture amazighe et les droits de l’homme, Marrakech (Maroc)
26- Observatoire Amazigh des Droits et Libertés (OADL), Rabat (Maroc)
27- Fédération Nationale des Associations Amazighs (FNAA), Rabat (Maroc)
28- Réseau des Associations de Développement de la province d’Al-Hoceima, Al-Hoceima (Maroc).
29- Association JISR pour le développement et la migration, Nador (Maroc)
30- Association ABARAZ, Agadir (Maroc)
31- Association TUDRT, Mirleft, Sidi Ifni (Maroc)
32- Association TANDAFT, Mirleft, Sidi Ifni (Maroc)
33- Association ASNFLUL Massa Chtouka, Ait Baha (Maroc)
34- Association TAYAFUT, Awrir, Agadir (Maroc)
35- Association AJDIR pour l’apprentissage de la langue amazigh et la transmission de sa culture et de son patrimoine, Kénitra (Maroc)
36- Association SARHAN pour la Culture et l’Environnement Ait Halli-Guigou, Boulmane, Midelt (Maroc)
37- Association TAWMAT pour la culture et le développement, Azlaf, Driouch (Maroc)
38- Association jeunesse de SEGANGANE pour la culture et le développement, Nador (Maroc)
39- Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, Nador (Maroc)
40- Association Culturelle MASSINISSA, Tanger (Maroc)
41- Association AMUD pour la culture et le développement, Casablanca (Maroc)
42- Association ANAMUR, Tiznit (Maroc)
43- Association TWIZA, Guercif (Maroc)
44- Association TUNARUZ pour le Développement et la Communication culturelle, Tafraout (Maroc)
45- Réseau Marocain pour les Droits Humains et le Contrôle de la Richesse et les Biens Publics, Khénifra (Maroc)
46- Assemblée Mondiale Amazighe-Algérie, Mzab (Algérie)
47- Mouvement-Parti AKAL (Tunisie)
48- Organisation AMAZIGH, Nouakchott (Mauritanie)
49- Organisation MAUDECH, Nouakchott (Mauritanie)
50- Fondation MOHAMED ALI AG TAHER AL ANSARI (Maroc/Touaregs)
51- Organisation TIN HINAN (Canada/Touaregs)
52- Survie Touarègue TEMOUST, Lyon (France/Touaregs)
53- Internationale TOUAREGUE, Bordeaux (France/Touaregs)
54- IMOUHAGH International Organisation for the Sale of Justice & Transparency, Angers (France/Touaregs)