L’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA), organisation « berbère » internationale, a pour mission de suivre et constater les souffrances des Amazighes, défendre leurs droits et leurs intérêts dans les différents pays de Tamazgha (dit Afrique du nord). Dans ce sens elle profite du nouvel an amazighe 2968, pour féliciter tous les Amazighes du monde et leur souhaiter une bonne année pleine d’acquis et de réussites, pour leur juste et légitime cause amazighe.
Elle constate, par exemple au Maroc, avec amertume la poursuite de la marginalisation et de l’exclusion de tout ce qui est amazighe ainsi que les arrestations et la répression relatives à la contestation rifaine (Hirak Rif) et celle de Jrada, en plus du sit-in d’Imider, de même que la spoliation des terres collectives, l’interdiction des prénoms amazighes, le recul au niveau de l’enseignement de l’amazighe et l’atermoiement relatif à la mise en œuvre officiel de la loi organique de l’amazighe. Constat qui s’applique à tous les pays de Tamazgha. Dans ce sens, que l’Assemblée a constaté la continuation de la répression et des arrestations ainsi que des jugements formels en Algérie et la résistance de l’Etat et des forces rétrogrades contre les droits de l’homme et les acquis en faveur de l’amazighité. Elle a également constaté les attaques contre les Amazighes de Lybie et l’exclusion de l’amazighe dans la Constitution libyenne par les forces « arabistes ». Il en est de même en Tunisie où l’amazighe est exclu de la Constitution. C’est aussi le cas des actions menées contre l’autodétermination des amazighes en pays touarègues comme c’est le cas de l’Azawad.
Partant de ces faits, l’Assemblée Mondiale Amazighe constate et dénonce ce qui suit :
Au niveau du Maroc
– La poursuite de l’atermoiement et de l’indifférence quant à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, en dépit de sa promulgation en tant que langue officielle dans la Constitution de premier juillet 2011 ;
– Le silence du gouvernement et plus particulièrement du Parti de la Justice et de Développement (PJD) relatif à la revendication populaire des marocains, réclamant la reconnaissance du nouvel an amazighe comme jour férié et payé ;
– La poursuite des interdictions des prénoms amazighes ;
– La poursuite de la politique de spoliation des terres des tribus amazighes, dans différentes régions du Maroc, et l’exploitation de leurs richesses en les poussant à déserter leurs terres et leurs biens, et à émigrer vers les centres urbains et en Europe;
– La poursuite du sabotage de l’enseignement de l’amazighe et sa marginalisation réduit à une langue « de choix », en plus du recul par rapport aux acquis d’avant la Constitution de 2011;
– La menace des enseignants de l’amazighe en les obligeant à enseigner des matières qui ne sont pas de leur spécialité par la contrainte.
– La poursuite des arrestations des détenus de la contestation du Rif, Jrada et Tinghir…, objet de verdicts iniques sans respect aux conditions minimales d’un jugement ;
– La poursuite de la militarisation du Rif par les différents services de forces de répression ;
– L’indifférence vis-à-vis des revendications de la population civile et autochtone d’Imider en sit-in depuis plus de six ans ;
– Le silence des autorités vis-à-vis du terrorisme et des menaces qui visent les étudiants amazighes au sein des universités.
Au niveau de l’Algérie
– La poursuite du régime algérien de la répression des voix amazighes en les accusant de terrorisme ;
– La poursuite du nettoyage ethnique contre les amazighes du M’Zab et la promulgation de circulaires internationales contre les activistes qui militent pacifiquement pour l’autodétermination de la région du M’Zab ;
– L’arrestation de dizaines des amazighes du M’Zab en les incarcérant sans respect aucun aux règles d’une justice juste ;
– La poursuite des arrestations et des interdictions des Amazighes d’Algérie, optant pour une approche sécuritaire face à leurs revendications;
– L’atermoiement vis-à-vis du dossier amazighe pour lui octroyer sa place en tant que langue officielle dans la Constitution;
– Le non-respect du régime de ses engagements internationaux relatifs aux droits des Amazighes et des droits de l’homme en général ;
– Le recul des partis gouvernementaux quant à la généralisation obligatoire de l’enseignement de l’amazighe ainsi que les contestations des étudiants amazighs, qui sont objets d’arrestations et de répression ;
– Le choix du régime algérien qui soutient « les tribus Arabophones » contre les Amazighes autochtones à Ghardaya ;
– L’atermoiement quant à la mise en œuvre de l’officialisation de l’amazighe, au même titre que l’arabe, bien qu’il soit reconnu dans la constitution amendée de 2016.
Au niveau de la Lybie
– Elle dénonce les partis libyens qui violent les principes de démocratie et les chartes internationales relatives aux droits de l’homme ainsi que les principes de la révolution du 17 février, qui aspire refondre la politique raciste arabiste du dictateur Kadhafi contre les Amazighes ;
– La poursuite de la négation des droits du peuple amazighe qui a contribué, de manière conséquente à la réussite de la révolution libyenne ;
- La poursuite de l’exclusion des Amazighes dans la participation politique, en leur interdisant de pratiquer leurs droits politiques quant à la gestion des affaires du nouveau Etat libyen ;
-La poursuite du véto brandi par des forces arabistes hostiles au droit du peuple amazighe contre l’officialisation de la langue amazighe dans la Constitution libyenne ;
– La poursuite des arrestations et des assassinats politiques contre les Amazighes, œuvre de milices armées, financées par le Qatar et les Emirats Arabes Unis;
– La poursuite de l’exclusion des Amazighes du dialogue national libyen et leur exclusion absolue des pourparlers et des dialogues entamés par les Nations-Unies.
– La poursuite des attaques ethniques menées par le général Khalifa Haftar contre les Amazighes de Lybie ;
-La nomination de l’armée libyenne d’ « armée arabe », en excluant la composante amazighe, fondamentale dans l’identité libyenne ;
– L’arrestation d’activistes amazighes par les milices ethniques de Général Haftar, dont le dernier est Rabiâ Aljicha, à Benghazi.
Au niveau de la Tunisie
– L’ignorance continue des revendications du mouvement amazighe en Tunisie ;
– L’exclusion de l’amazighe dans la nouvelle Constitution ;
– La poursuite de la négation de l’amazighe et de l’indifférence gouvernementale vis-à-vis du dossier amazighe par les gouvernements post-révolutionnaires;
– L’absence de soutien à la cause amazighe de la part des « forces démocratiques et de droit ».
Au niveau de l’Azawad
– La continuation de l’intervention du Mali dans la province de l’Azawad, avec le soutien des autorités françaises et algériennes ;
– La poursuite des crimes de l’armée malienne contre les femmes et les enfants de l’Azawad ainsi que l’épuration ethnique contre les Amazighes touaregs ;
– La continuation de l’intervention française et algérienne dans les affaires de l’Azawad et leur opposition contre les revendications amazighes ainsi que leur droit à l’autodétermination de leur région riche en ressources naturelles;
– L’exécution des forces maliennes, soutenues par les forces françaises, de crimes contre la population de l’Azawad, par l’exil, l’assassinat et la destruction des maisons des détenus ainsi que l’arrestation de dizaines d’azawadiens.
Au niveau des Amazighes de la Diaspora europénne
– La poursuite de l’ignorance par les Etats européens des causes identitaires et des spécificités culturelles et linguistique des émigrés d’origine des pays d’Afrique du nord ;
– La continuation des gouvernements européens à traiter des millions d’émigrés Amazighes comme des « Arabes » et non comme des Amazighes d’Afrique du nord ;
– La collusion des gouvernements européens avec les régimes qui se disent « arabes » en Afrique du nord, en enseignant la langue arabe aux enfants d’émigrés et l’exclusion absolue de leur langue maternelle qu’est la langue amazighe. Des régimes basés sur l’idéologie nationaliste arabiste et sur l’islamisme politique en Afrique du nord et qui véhiculent une haine viscérale à l’égard de l’Homme, identité, culture et civilisation amazighes, et qui sont en opposition totale avec les valeurs des pays européens ;
– La poursuite des tractations avec les pays nord-africains sur la base des intérêts politiques et économiques et non sur la base du respect des droits et des chartes internationales relatives aux droits de l’homme qu’ils ne cessent de défendre jour et nuit.
Partant de ce qui précède, l’Assemblée Mondiale Amazighe revendique ce qui suit :
Maroc
– L’urgence de la promulgation des lois relatives à la mise en œuvre du caractère officielle de l’amazighe ;
– La promulgation d’une loi punissant l’anti-amazighisme ;
– La libération de tous les détenus et satisfaction du dossier revendicatif de la population du Rif et de ses provinces, de la population de Tinghir et de Jrada…
– L’arrêt des procès formels et des jugements iniques dont les activistes de la contestation dans toutes les régions du Maroc, notamment ceux du « Hirak Rif » ;
– L’arrêt de la spoliation des terres collectives des tribus amazighes ;
– L’arrêt des souffrances de la population d’Imider victime de la société minière qui exploite et épuise ses ressources et ses richesses, sans que la population, marginalisée, pauvre et exclue, n’en profite ;
– L’intervention pour mettre fin aux agressions et aux crimes dont les amazighes sont victimes et inclus les étudiants du Mouvement Culturel Amazighe (MCA) au sein des universités marocaines ;
– La décision urgente d’octroyer les droits du peuple amazighe, tels que définis dans les chartes et les droits internationaux et relatifs aux droits de l’homme et des peuples ;
– L’AMA soutient tous les mouvements contestataires populaires et pacifistes dans toutes les régions du Maroc.
En Algérie
– Applaudit la décision relative à l’officialisation du nouvel an amazighe et demande à ce que l’académie de la langue amazighe voit le jour le plus tôt possible ;
– Demande aux autorités algériennes de répondre à toutes les revendications amazighes, objet du combat du mouvement amazighe depuis des décennies ;
– L’arrêt de la violation des droits de l’homme en général et des droits amazighes en particulier ;
– Demande aux activistes et aux cadres amazighes ainsi qu’aux partis qui soutiennent la cause amazighe en Algérie de pousser le gouvernement et le régime pour avoir davantage de droits légitimes amazighes, y compris le droit à l’autonomie régionale de la Kabylie, de l’Aurès, des Ayt M’Zab et la région Touarègue au sud algérien ;
– La généralisation de l’enseignement de l’amazighe dans les différentes régions d’Algérie et lui octroyer le statut de matière obligatoire dans les différentes institutions scolaires. C’est une revendication que porte des milliers d’activistes et d’étudiants amazighes en Algérie ;
– La poursuite de la défense et de la plaidoirie au niveau international pour leurs droits culturels, linguistiques, politiques, économiques et sociaux et dénoncer les pratiques du régime algérien à leur égard.
En Lybie
– Demande au Nations-Unies de faire participer activement les Amazighes dans les pourparlers qu’elles parrainent pour trouver une solution consensuelle et participative de la Lybie poste-révolutionnaire;
– Demande la promulgation d’une Constitution démocratique qui décrète un Etat fédéral permettant au peuple libyen de s’autogérer et de conserver ses spécificités dans le cadre d’une démocratie participative;
– Affirme son soutien aux Amazighes de Lybie et les appelle à davantage de vigilance pour la satisfaction de leurs revendications au sein de la nouvelle Lybie ;
– Appelle les Amazighes de Tamazgha et du monde à soutenir les Amazighes de Lybie pour la satisfaction de leurs droits justes et légitimes ;
– Son soutien total au droit des Amazighes à défendre leurs villes et régions, qu’ils contrôlent actuellement, et adhère à la décision d’officialisation du nouvel an amazighe 2968.
En Tunisie
– La réponse aux revendications du mouvement amazighe tunisien et la reconnaissance des droits linguistiques et culturels amazighes ;
– Demande une constitution démocratique pluraliste respectant l’identité, l’histoire et la civilisation tunisiennes et son pluralisme culturel ;
– Affirme que la non reconnaissance du pluralisme linguistique et culturel constitue un affront aux principes et aux valeurs sur lesquels est fondée la révolution tunisienne de « jazmin ». Et réaffirme que l’ignorance des droits amazighes sape fondamentalement l’édification d’un Etat démocratique pluriel, et viole l’égalité entre citoyens qui figure dans la nouvelle constitution tunisienne ;
– Demande au gouvernement tunisien de prendre des décisions pour l’intégration de l’amazighe dans les secteurs de la vie publique ;
– Prend note des combats des activistes et des cadres amazighes, pour leur maturité dans leur lutte pour leurs droits et est fier de la conscience et du renouveau amazighe ainsi qu’au retour aux racines, en progression en Tunisie.
Azawad
– Affirme que la clé de la stabilité dans la région du Grand Sahara consiste à octroyer à la région de l’Azawad une autonomie politique élargie et qui permette à la population locale de s’autogérer, loin de l’exploitation adoptée par le gouvernement de Bamako ;
– Confirme que la paix et la stabilité véritables dans l’Azawad passe par la reconnaissance du la composante amazighe touarègue et par l’édification d’un Etat civil, fédéral et pluriel ;
– Demande la mise en œuvre des dispositions et des principes des chartes internationales des droits de l’homme et des peuples, ainsi que le droit à l’autodétermination des peuples, au niveau politique, économique et culturel…
– Appelle les Nations-Unies et les pays occidentaux à faire pression sur le régime malien pour satisfaire tous les droits des Touaregs de l’Azawad ;
– Confirme son soutien absolu aux Amazighes de l’Azawad jusqu’à satisfaction de toutes leurs revendications légitimes et appelle à la satisfaction des revendications de tous les Touaregs.
Les Amazighes de la Diaspora des pays européens
– Demande aux gouvernements des Etats de l’Union Européenne (UUEE) à mettre fin à leur collusion et complicité avec les régimes d’Afrique du Nord, et à revaloriser, urgemment, la langue, la culture et l’identité amazighes, en l’enseignant aux enfants de la diaspora qui constituent la majorité absolue des émigrés dans les pays européens d’origine du sud de la Méditerranée.
– Insiste pour que l’identité et la langue amazighes soient prises en considération par les gouvernements européens dans leurs politiques et programmes relatifs aux émigrés et à l’émigration, de même au niveau de sa politique étrangère et ses relations avec les Etats d’Afrique du nord ;
– Affirme de la crise identitaire dont souffre les enfants des émigrés, cause de l’extrémisme et du terrorisme, est liée à l’exclusion de l’amazighe et de l’islam populaire modéré ainsi que des valeurs universelles et humaines des écoles européennes ( http://amamazigh.org/2017/11/lama-interpelle-lunesco-sur-limportance-de-la-langue-maternelle-dans-la-resolution-de-la-problematique-de-leducation-au-maroc-et-dans-les-pays-de-tamazgha/ );
- Fait endosser la responsabilité de la continuation de l’exclusion de l’amazighe dans les pays de Tamazgha, aussi aux gouvernements européens qui ont signé des conventions signé avec ces régimes, connus pour leur hostilité vis-à-vis de tout ce qui est amazighe à Tamazgha, en Afrique du Nord.
Assemblée Mondiale Amazighe