Monsieur Matamela Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud et Président du Congrès National Africain (ANC),
Objet : Les Sud-Africains sont-ils vraiment des Africains ?
Monsieur le Président,
Lors de sa visite à Accra le 11 juillet 2009, l’ex-président des États-Unis, Barack Obama, déclarait : « L’avenir de l’Afrique appartient aux Africains ». Cette affirmation rappelait les paroles de notre roi amazigh Massinissa, qui, il y a 2200 ans, clamait : « L’Afrique aux Africains ».
Monsieur le Président,
Nous vous écrivons pour exprimer notre inquiétude quant à certaines de vos décisions qui, malheureusement, semblent aller à l’encontre de l’identité africaine et des intérêts de nos peuples. Nous avons été particulièrement surpris par la réaction de votre parti, l’African National Congress (ANC), à la suite de la visite de M. Kopeng Obed Bapela au Maroc, dont le but était de renforcer les relations économiques entre nos deux pays. Le Maroc, pays amazigh renommé pour son hospitalité, a accueilli favorablement cette initiative, visant à rapprocher les deux extrémités de notre continent.
Il est important de rappeler que des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Égypte et la Mauritanie sont fondamentalement africains, et non « arabes » comme certains peuvent le prétendre [1]. D’ailleurs, le terme même «Africa» provient du mot amazigh «Afri», qui désignait à l’origine le territoire tunisien sous l’Empire romain. Si certains dirigeants revendiquent une identité arabe, ils perpétuent une idéologie importée, alors même que l’histoire de notre continent témoigne d’une identité africaine bien enracinée.
Il est regrettable que votre gouvernement ait sanctionné M. Bapela pour avoir reconnu la fraternité qui lie nos peuples, en rappelant l’aide précieuse que le Maroc a apportée à Nelson Mandela, notre leader pan-africain. M. Mandela lui-même a témoigné de l’appui financier et militaire reçu du Maroc et du roi Mohammed V. Ce lien historique et cet engagement du Maroc envers la lutte de Mandela pour la liberté et l’Afrique du Sud méritent le respect : www.youtube.com/watch?v=iSsw75dgwUc .
Monsieur le Président,
Face à certaines de vos positions, nous sommes en droit de nous demander si votre gouvernement défend réellement les intérêts des peuples africains. Si vous êtes vraiment des Africains ?
Nous constatons que vous mettez beaucoup d’énergie à soutenir la cause palestinienne, bien qu’il s’agisse d’un conflit qui ne concerne pas directement notre continent. Pendant ce temps, les graves violations des droits de l’homme subies par les Touaregs d’Azawad, les populations libyennes et autres groupes en Afrique semblent reléguées au second plan.
Abordant le cas des Touarègues et des Populations Maures d’Azawad, objet de très graves violations des droits de l’homme et de nettoyage ethnique de la part de gouvernement malien [2]. Notre ONG, l’Assemblée Mondiale Amazighe, avais pris l’initiative d’interpeller le président français, Mr. Emmanuel Macron [3], le président russe, Mr. Vladimir Poutine [4], Mr. Abdelhamid Dbeibeh, Chef du Gouvernement d’Union Nationale de Libye, et les ministres des affaires étrangères Messieurs Nasser Bourita pour le Maroc, M. Abdoulaye Diop pour le Mali, M. Sameh Choukry pour l’Egypte, M. Nabil Ammar pour la Tunisie, Mme. Aïssata Tall Sall pour le Sénégal, Mme. Ragnaghnèwendé Olivia Rouamba pour le Burkina Fasso [5], l’Union Européenne [6], le président turque Mr. Recep Tayyip Edrogan [7] et Monsieur Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani en tant que Président de la République Islamique de Mauritanie et Président en exercice de l’Union Africaine (UA) [8], et jusqu’à maintenant nous n’avons reçu aucune réponse favorable de leurs parts sur ce crime contre l’humanité qui se déroule en plein cœur d’Afrique. Et votre diplomatie n’en parle guère !
Nous souhaitons également souligner les inquiétudes concernant l’alignement de votre politique étrangère sur celle des généraux algériens, qui mènent une politique répressive à l’égard des Amazighs en Algérie et violent les droits humains. Ces « généraux algériens3 que nous devrions traduire devant la Cour Pénal International (CPI) [9], pratiquent un «terrorisme d’Etat», par la création des groupes djihadistes, à l’exemple d’ Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui ont réussi à déstabiliser les pays du Sahel. Ils ont assassiné impunément 127 jeunes de la région de la Kabylie en avril 2001 et le célèbre chanteur Lounès Matoub, le 25 juin 1998, réprimés sévèrement les Mozabites durant les années 2014 et 2015, et poursuivent les militants des droits de l’homme et les mouvements politiques pacifistes, comme le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), qu’ils ont traités comme des mouvements terroristes. Tout récemment, ils ont essayé de kidnapper et d’enlever l’écrivain et journaliste chaoui, et membre de notre ONG, Hicham Aboud, à la ville de Barcelone le 18 octobre dernier (et libéré, heureusement et par miracle, par la Guardia Civil espagnole à Lebrija)[10]… Il serait fort souhaitable de voir l’Afrique du Sud s’opposer à de telles politiques, en soutenant les aspirations démocratiques en Algérie et en favorisant une plus grande coopération régionale en Afrique du Nord.
Dans ce sens, nous vous conseillons de prendre vos distances à l’encontre de ces généraux algériens, obsédés à déstabiliser son voisin, le Maroc, en soutenant et en finançant deux mouvements séparatistes et terroristes : le le Polisario, qui aspire à installer une république «Arabe» en terre «Amazighe et Africaine» depuis 1976, et le «Parti National Rifain». Des généraux qui s’entêtent à bloquer toute union régionale des Etats d’Afrique du Nord et de ses relations commerciales avec l’Europe, comme nous venons de le dénoncer une n-ième fois par notre correspondance du 1er octobre dirigée aux eurodéputés de l’Union Européenne et aux députés espagnols, français et belges [11].
En conclusion, Monsieur le Président, si l’Afrique du Sud aspire à obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, elle devra démontrer un engagement sincère et efficace pour la paix et la prospérité de l’Afrique dans son ensemble. Le Maroc, par exemple, a proposé une solution politique pour la région du Sahara, reconnue par les États-Unis, la France, l’Espagne et des dizaines de pays africains… Soutenir des initiatives africaines pour la paix, promouvoir les droits des peuples touaregs à disposer d’une autonomie politique régionale au sein d’un Mali fédérale (comme on le propose incessamment notre président délégué Dr. Mimoun CHARQI [12]). Aider à la cessation de la guerre civile en Libye, en forçant le départ des troupes mercenaires syriennes de la Turquie de sa région de Tripolitaine et des mercenaires de Wagner dans la Cyrénaïque. S’impliquer à la réconciliation des Soudanais… Et pour le cas de l’Algérie, déployer vos efforts pour défendre sa démocratisation que revendique légitimement le «Hirak Algérie» depuis février 2019, en exigeant le passage du pouvoir de ces plus hautes autorités militaires à une nouvelle autorité civile légalement et démocratiquement constituée. Sans oublier d’aider, toujours et prioritairement, les pays africains en difficulté, comme porter urgemment assistance et aides humanitaires aux centaines de milliers de réfugiés de guerre des Azawadiens accueillis en Mauritanie et des Soudanais au Tchad…
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette lettre et vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Rachid Raha, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe
Notes :
[2]- https://mondafrique.com/a-la-une/la-region-de-lazawad-meurtrie-au-coeur-du-sahel/
[4]- www.afrik.com/mali-la-russie-accusee-de-declarer-la-guerre-aux-les-touaregs
[12]- https://fr.linkedin.com/pulse/lazawad-entre-droits-des-peuples-disposer-deux-memes-et-mimoun-charqi
