Monsieur Mohamed OULD CHEIKH EL-GHAZOUANI, Président de la République Islamique de Mauritanie & Président en exercice de l’Union Africaine,
Objet : L’Union Africaine pourrait-elle s’unir pour mettre fin au génocide en cours contre les populations Touarègues et Maures d’Azawad ?
Monsieur Le Président,
En premier lieu, nous tenons à vous exprimer, avec un léger retard, nos vives félicitations pour votre élection, en tant qu’un Amazigho-Maure à la tête de la présidence tournante de l’Union Africaine pour cette année en cours de 2024/2974. Et féliciter l’UA pour la nomination de monsieur Adama DIENG comme premier envoyé spécial de l’UA pour la prévention du crime de génocide et d’autres atrocités de masse, afin de combattre l’idéologie de la haine et la prévention du génocide sur le continent africain, à l’occasion de la 30-ème commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.
Nous avons l’honneur de vous exposer la délicate question de la violence meurtrière déchaînée à l’encontre des populations autochtones du Nord du Mali, en l’occurrence les Touarègues et les Maures de la région d’Azawad, de la part des forces militaires maliennes (les Fama), avec l’appui inhumain et criminel des milices de mercenaires russes de groupe « Wagner », qui ne cessent de pratiquer méthodiquement des opérations de nettoyage ethnique à l’encontre de ces populations civiles Azawadiennes, dans cette région sahélo-saharienne, en plein cœur de notre continent africain.
En effet, il est vraiment intolérable que les 54 membres de l’UA continuent à rester silencieux sur ce génocide, ainsi que les médias internationaux et l’opinion public internationale. Cet assourdissant silence fait de nos Etats africains des complices notoires de cette atroce épuration ethnique.
Nous portons à votre connaissance que notre ONG, l’Assemblée Mondiale Amazighe, avais pris l’initiative d’interpeller les présidents Mr. Emmanuel Macron [1], Mr. Vladimir POUTINE [2], Mr. Abdelhamid DBEIBEH, Chef du Gouvernement d’Union Nationale de Libye, et les ministres des affaires étrangères Messieurs Nasser BOURITA pour le Maroc, M. Abdoulaye DIOP pour le Mali, M. Sameh CHOUKRY pour l’Egypte, M. Nabil AMMAR pour laTunisie, M. Mohamed SALEM OULD MERZOUG pour votre pays, Mme. Aïssata TALL SALL pour le Sénégal, Mme. Ragnaghnèwendé Olivia ROUAMBA, pour le Burkina Fasso, M. Mahamat Saleh ANNADIF [3], l’Union Européenne [4] et Monsieur l’Ambassadeur des USA au Maroc. Ce dernier a eu l’amabilité de prendre au sérieux notre appel de détresse et de nous répondre en nous envoyant l’un de ses émissaires à nous rencontrer le 19 décembre dernier, et à qui nous avions fourni certains rapports de diverses ONG des droits de l’homme [5] sur ce crime contre l’humanité, totalement occulté par les conflits armés en Ukraine et à Gaza.
Monsieur Le Président,
Si le Mali, le Burkina-Faso et le Niger ont connu divers coups d’État, c’est principalement à cause de leur impuissance de faire face à l’insécurité provoquée par les groupes terroristes djihadistes ! Alors la question fondamentale, qu’on feint d’ignorer, est de savoir qui est le commanditaire de ces groupes terroristes ?
Sachant que cette vaste région désertique du Grand Sahara et du Sahel fût auparavant un havre de paix, où vivaient en harmonie et en respect divers groupes ethniques, notamment les Touarègues, les Maures, les Peuls et les Dogons, les Toubous, les Songhaïs…
Au sein de notre ONG, l’Assemblée Mondiale Amazighe, nous avions toujours la conviction qu’il s’agit des services secrets militaires algériens, notamment par la création du groupe salafiste Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), attestée par l’étude de François Gèze et Salima Mellah [6], dirigé maintenant par le célèbre touarègue Iyad AG GHALI d’Ansar Dine (qui a opté pour une nouvelle dénomination, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans-GSIM). Ce qui nous amène à poser cette cruciale question : pourquoi ?
De ce fait, ces sinistres et criminels services algériens (de la DRS ou de la DGDSE), responsables directs de tous les meurtres commis, -et qui continuent à être commis-, ont pour principal but géostratégique la déstabilisation de ces pays du Sahel. Et cela pour un triple objectif.
Primo, en transformant le Sahel en une poudrière, ils empêchent quiconque de procéder aux forages pour la recherche des hydrocarbures et l’exploitation des richesses de sous-sol, à cause de leur folle crainte que les pays limitrophes, comme le Mali ou le Niger, réussissent à pomper les mêmes poches pétrolifères et réserves gazières qui s’y trouvent au sud.
Secundo, leur crainte que les Touaregs maliens réussissent à bénéficier d’un statut d’autonomie politique régional et que les Touaregs algériens s’en inspirent !
Tercio, affaiblir économiquement ces pays sahéliens, déjà enclavés, afin de maintenir son « supposé hégémonie de grande puissance (al9uwa adariba القوة الضاربة)!» au sein de cette région de Sahel. Rappelons-nous que leurs fameux émirs sanguinaires d’AQMI, tels Mokhtar BELMOKHTAR et Abdelmalek DROUKDEL, ont bien réussi à expulser d’Afrique le Rallye Paris-Dakar vers l’Amérique du Sud, privant ainsi les populations autochtones d’une forte manne financière et de ses potentialités touristiques !
Nous pensons qu’il est de l’intérêt de tout le monde à revenir, sérieusement, à la proposition réaliste de Mr. Romano PRODI, ex-président de la Commission Européenne et envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahel de 2012 à 2014. A une question de Jeune Afrique de savoir si un Etat de l’Azawad lui paraît-il viable ? Il avait répondu, sagement, que : « je fonde l’espoir d’un accord acceptable entre Bamako et les groupes armés. Car je considère que, sans accord avec le Nord, il n’y aura jamais de paix au Mali » [7]. C’était, en fin de compte, la solution à laquelle elles se sont accordés les parties au conflit malien à Ouagadougou, le 4 décembre 2012, à l’initiative de l’ex-président burkinabé Blaise COMPAORE, qui comptait avec le soutien de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) où la partie gouvernementale et la partie des représentants du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), en insistant sur « le rejet du terrorisme » et sur le respect de l’intégrité territoriale, se sont accordés sur la « nécessité de créer un cadre de dialogue pour obtenir la cessation des hostilités » et où le MNLA renoncerait à l’indépendance du Nord en échange de garanties sur une « large autonomie », à l’instar de l’exemple de la proposition marocaine de 2007 pour l’ONU pour régler la question saharienne, et que le leader touareg Bilal AG CHERIF vient de soumettre de nouveau ce 30 avril passé [8].
En définitive, comme l’avait déclaré le grand roi Amazigh panafricain MASSINISSA deux millénaires de cela : « l’Afrique aux Africains », tous les pays d’Afrique sont appelés, plus que jamais, à unir leurs efforts et à user de toute leur influence diplomatique pour obtenir la paix, combattre le fléau de terrorisme djihadiste et mettre fin aux guerres fratricides.
Par conséquent et afin d’y arriver, il faudrait :
– Primo, arrêter de dérouler le tapis rouge aux responsables gouvernementales des Etats qui fomentent le terrorisme islamiste, en l’occurrence l’Algérie, et de couper toute relation diplomatique et économique avec eux ;
– Segundo, interpeller la Fédération de Russie afin de retirer ses sanguinaires milices mercenaires de Wagner de l’Afrique, et plus particulièrement du Mali et de la Libye. Il est inacceptable, que certains de nos pays africains qui désirent se libérer du néo-colonialisme français, tombent dans un nouveau néo-colonialisme plus cruel, et qu’avec les ressources aurifères du peuple autochtone d’Azawad, on finance leur extermination !
– et Tercio, afin d’éviter d’être des complices notoires de ce nouveau nettoyage ethnique, il faudrait œuvrer le plus urgemment possible, à convaincre les dirigeants militaires du Mali et les combattants Touarègues et Maures d’Azawad à s’asseoir autour d’une table ronde, où l’instauration d’un système territorial fédéral constituerait la meilleure option politique pour sauver le Mali et la région du Sahel.
En vous remerciant profondément pour tous vos efforts et vos moyens que vous déployez pour venir au secours et offrir assistance et aides humanitaires à la centaine de milliers de Réfugiés et Déplacés Azawadiens, qui trouvent refuge au sein de votre territoire dont le Camp de Mbera, veuillez agréer, Monsieur Le Président, nos salutations les plus fraternelles.
Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)
Copie :
Mr. Moussa FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’UNION AFRICAINE (AU)
Mr. Leonardo SANTOS SIMãO Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel du Secrétaire général de l’ONU
Notes :
[2]- www.afrik.com/mali-la-russie-accusee-de-declarer-la-guerre-aux-les-touaregs
[6]- www.algeria-watch.org/fr/aw/gspc_etrange_histoire_intro.htm