Monsieur Matamela Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud,
Objet : demande de traduire les ‘‘généraux algériens’’ devant la Cour pénale internationale (CPI)
Monsieur Le Président,
A l’occasion de la Journée Mondiale de l’Afrique, nous avons l’honneur de vous interpeller sur une question d’une importance capitale pour la paix dans l’Afrique du Nord et au Sahel, traversés par des conflits armés au Sahara marocain occidental, et au Sahara Central dans la région d’Azawad.
Du fait que certains responsables sportifs algériens souhaitent que leur Fédération algérienne de football (FAF) quitte la Confédération africaine de football (CAF) pour rejoindre la Confédération asiatique de football (AFC), nous invite à nous poser cette pertinente et bizarre question, celle de savoir si les responsables Algériens sont vraiment des « Africains » ou plutôt ils se considèrent comme des « Arabes », originaires d’Arabie, et dans ce cas, ce sont des Asiatiques [1] qui se sont trompés de continent!
Laissez-nous vous confessez, en premier lieu, et qu’en tant qu’Amazighs, en tant que populations autochtones d’Afrique septentrionale, nous ne comprenons guère l’attitude des dirigeants du pays du feu leader Nelson Mandela contre l’Apartheid en ce qui concerne leurs positions acharnées de défense en faveur d’une république « Arabe » au sein du Sahara Occidental africano-marocain, en vous arrangeant aveuglement à défendre les fausses thèses des ‘‘généraux algériens’’, qui ne manifestent aucune volonté politique pour résoudre ce problème régional.
Comme vient de le signaler, opportunément le journaliste et opposant algérien Hichem Aboud, auteur du best-seller ‘LA MAFIA DES GENERAUX’ dans une de ses vidéos du 20 mai passé, il affirme à propos de ces ‘généraux voyous’ que : « l’Algérie n’a pas de projet. Ni projet économique, ni projet de société, rien du tout…Le seul projet du pouvoir algérien c’est se maintenir à la tête du pouvoir pour continuer à piller l’Algérie, pour continuer à voler et pour continuer à réprimer le peuple algérien… »
Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous tenons à saluer votre pays, qu’est l’Afrique du Sud, de cette louable initiative de porter plainte contre l’Etat d’Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) de la Haye, en l’accusant de génocide et de crime de guerre, le 26 janvier dernier dans la bande Gaza contre le peuple palestinien. Ce qui a poussé le procureur général de la CPI, Karim Khan, de déclarer qu’il existait des motifs raisonnables de croire que les dirigeants d’Israël et les hauts responsables du Hamas, étaient pénalement responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui auraient été commis à Gaza, et d’étudier la possibilité de délivrer des mandats d’arrêt à leur encontre.
A cet effet, nous aimerions fort bien que vous preniez une initiative similaire à l’encontre des ‘‘généraux algériens’’ qui ne cessent de violer les droits de l’homme, d’assassiner des opposants et de mener une politique d’apartheid anti-amazigh, en réprimant les communautés « Amazighes » d’Algérie depuis des décennies.
Nous avons la sensation que certains politiciens algériens vous ont poussé à l’erreur de croire que c’est le FLN qui a offert de précieuses aides à votre leader Nelson Mandela, durant les années cinquante et début des années soixante du siècle dernier, alors qu’en réalité ce sont les Amazighs du Rif et les Marocains qui ont eu le vrai mérite de dispenser lesdites aides à l’ANC comme au FLN, vu que les révolutionnaires algériens ont trouvé refuge et solidarité sur nos terres. Feu Nelson Mandela avait confessé qu’il avait appris à manier le pistolet dans la caserne du Segangan de la province de Nador et il se logeait dans l’hôtel Assalam que mon grand-père maternel et ses frères ont mis à disposition. De son vivant, notre célèbre héros mondial anti-apartheid, Nelson Mandela témoignait et confessait qu’il avait reçu de l’aide financière conséquente de la part du Roi du Maroc. En plus, il a le mérite de le reconnaître et de rendre un vibrant hommage au Maroc et au Dr. Abdelkrim el Khatib de son vivant, comme en témoigne cette historique vidéo : www.youtube.com/watch?v=iSsw75dgwUc
Si nous vous demandons de traduire en justice les ‘généraux algériens’ devant la CPI c’est non pas seulement sur le fait qu’ils pratiquent un « terrorisme d’Etat », par la création du groupe salafiste Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), attesté par l’étude de François Gèze et Salima Mellah [2], et que nous venons de dénoncer, une énième fois, par notre récente correspondance à Mr. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie et de l’Union Africaine [3], dans le but de déstabiliser les pays du Sahel, et de contribuer directement ou indirectement au génocide des Touaregs d’Azawad. C’est surtout à cause des divers crimes causés à l’encontre de ses propres communautés autochtones « Amazighes ». Citons le cas de la sanglante répression du « Printemps noir » où la gendarmerie algérienne avait assassiné impunément 127 jeunes de la région de la Kabylie en avril 2001 sans qu’aucun officier ne soit traduit devant les tribunaux [4].
A partir de 2013 et le courant des années 2014 et 2015, c’était le tour des émeutes de la région de Mzab, peuplée par plus de 200 000 personnes de rite religieux ibadite. Ces Mozabites Amazighs menacés par la communauté qui se dit « Arabe » des Chaâmbas, qui se sont mis à brûler leurs commerces et maisons, se sont vus désemparés des autorités. Au lieu de les secourir, ces dernières se sont déchaînées contre ces victimes de mozabites dont les émeutes se sont accompagnées par la mort des jeunes, des destructions et des pillages [5], l’emprisonnement et la persécution de leurs leaders ainsi que la mort par la grève de faim de leur leader feu Dr. Kameleddine Fekhar, durant le « Hirak d’Algérie ». Un hirak qui s’est déclenché en février 2019, où des dizaines de milliers d’Algériens sont descendu spontanément dans les rues du pays pour protester contre la perspective d’un 5e mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika et le retour des militaires aux casernes avec la subordination de l’armée au pouvoir des civils démocratiquement élus, et non pas une présidentielle largement falsifiée et rejetée, du 12 décembre 2019, portant au pouvoir Abdelmadjid Tebboune, en tant que marionnette des généraux, et qu’ils n’ont cessé d’emprisonner des démocrates, de museler la presse, et de poursuivre des militants des droits de l’homme et des mouvements politiques pacifistes, comme le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), qu’ils ont traités comme des mouvements terroristes [6], leur permettant de continuer à persécuter et à incarcérer les militants kabyles comme Belaid Abrika, le leader des Aarchs, Bouaziz Ait Chebib du MAK, …Et essayer d’assassiner en France le chaoui Hichem Aboud et le président du MAK Ferhat Mehenni…
Rappelons que ces généraux criminels, sont à l’origine de plusieurs assassinats politiques à travers la création de groupes terroristes, comme le GIA de Jamal Zitouni [7], et des massacres de populations durant la Décennie noire des années quatre-vingt-dix, où ils ont violé le processus électoral et ses résultats en faveur des islamistes du FIS, et où ils ont provoqué plus de 200 000 victimes et des dizaines de milliers de disparus ! Ils ont même osé assassiner un président, qui allait redresser l’Algérie, en l’occurrence Mohamed Boudiaf [8].
Monsieur Le Président,
Si nous vous demandons de les traduire devant le tribunal de La Haye c’est pour ne pas continuer à tolérer la continuité de ce système mafieux du pouvoir algérien dans sa folie meurtrière à l’encontre des populations autochtones africano-amazighes. Afin de vous expliquer ce qui se passe, en quelque sorte, en Algérie, c’est que les « officiers supérieurs », issus de l’armée coloniale française, sont atteints d’un profond complexe d’infériorité de colonisés. Comme l’avait déclaré le fameux psychiatre anticolonial Frantz Fanon, engagé avec la révolution algérienne, dans son immortelle étude « Peau noir masques blancs », c’est qu’en Algérie, nous le pourrons substituer facilement par « Peau Amazighe masques Arabes ». Fanon disait que : « tout peuple colonisé – c’est-à-dire tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d’infériorité, du fait de la mise au tombeau de l’originalité culturelle locale – se situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice, c’est-à-dire de la culture métropolitaine. Le colonisé se sera d’autant plus échappé de sa brousse qu’il aura fait siennes les valeurs culturelles de la métropole. Il sera d’autant plus blanc qu’il aura rejeté sa noirceur, sa brousse ». Ainsi se comportent les « généraux algériens » d’origine amazighe, en réprimant le plus possible leurs semblables, ils croient qu’ils vont plaire plus à leur supposé maître ou chef « Arabe », supposé venu du Proche-Orient ou d’Arabie ou ayant des origines maraboutiques.
N’oublions qu’au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, le président Ahmed Ben Bella déclare dans son discours du 5 octobre 1962 : « Nous sommes des Arabes, des Arabes, dix millions d’Arabes ». Il ajoute le 5 juillet 1963 que : « il n’y a d’avenir pour ce pays que dans l’arabisme », en considérant l’identité amazighe autochtone comme un germe de division menaçant l’unité nationale !
Tous les présidents algériens qui lui ont succédé, se sont entêtés à afficher et réaffirmer leur supposé « arabité », que ce soit Houari Boumediene, Chadli Benjedid, Liamine Zeroual, Aziz Bouteflika ou Abelmajid Tebboune, alors qu’en réalité, ils ne sont que des Amazighs arabisés, des Africains aliénés sur le plan identitaire !
Et ce n’est pas de tout un hasard que l’actuel chef des services secrets (DDSE), le général M’henna Djebbar, le chef de la gendarmerie, de la sécurité intérieure et le directeur du cabinet du Said Chengriha, M. Jouadi Mohand Arezki, sont tous des Amazighs Kabyles, qui se distinguent par leur impitoyable répression et la persécution de leurs propres compatriotes ! Il paraît, aussi, qu’il y aurait de fortes probabilités que le sanguinaire général kabyle Tewfik Médienne serait le commanditaire de l’assassinat de célèbre chanteur Lounès Matoub, le 25 juin 1998 [9], dans le but de provoquer le soulèvement des masses de la jeunesse kabyle, non pas pour faire face au danger des islamistes, sinon juste pour faire pression sur le supposé président « Arabe » Chadli Benjedid !
Cependant, si les généraux mafieux d’Algérie s’en prennent toujours aux Marocains en les désignant comme leurs pires ennemis, c’est en quelque sorte, ils les considèrent comme tous des « Amazighs », du fait que c’est le Maroc qui connaît la proportion la plus importante des populations autochtones conservant leur langue millénaire et africaine qu’est la langue amazighe, -et cela est dû au fait que le Maroc est le pays nordafricain qui dispose le plus de chaînes montagneuses (Rif, Moyen-Atlas, Haut-Atlas et Anti-Atlas), et qui se sont révélés de formidables remparts contre l’arabisation linguistique et idéologique-! Et ce n’est pas un hasard que le président Aziz Bouteflika et sa ministre kabyle, à l’époque, Khalida Toumi Messaoudi ont emprisonné durant 38 heures à l’aéroport de Houari Boumediene plus d’une cinquantaine de militants amazighs marocains les empêchant d’assister à la cinquième assemblée générale de Congrès Mondial Amazigh tenu à Tizi-Ouzou le 29 octobre 2008 ! Et en plus, et en conséquence, ils n’arrêtent pas de bloquer toute union régionale des Etats d’Afrique du Nord, incluant le Maroc, comme nous venons de dénoncer par notre correspondance du 13 mars passé à l’Union Européenne [10].
Si notre ami Hichem Aboud affirme que les généraux algériens n’ont pas de projet, nous pouvons affirmer le contraire. Ces généraux, imprégnés profondément par les thèses obsolètes du « nationalisme panarabiste du baâthisme » de feu Jamal Abdenasser et des dictatures proche-orientales, ont toujours maintenu un projet : faire la guerre aux Marocains ! Et ils ont commencé par utiliser les armes que les Marocains ont réussi à leurs faire passer au sein des provinces de Nador et d’Oujda pour lutter contre le colonialisme français, mais qu’ils ont détournées, juste un an après leur indépendance, en provoquant la Guerre des Sables en 1963 [11], ainsi que le renversement de leur président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Ferhat Abbas, qui avait signé des accords avec feu le Roi Mohamed V pour le règlement des frontières et le retour des territoires que les colons français avaient amputés au Maroc ! Leur cuisante défaite à la dite Guerre des Sables, malgré l’aide des Egyptiens et des Russes, n’avait fait qu’exacerber, encore plus, leur haine envers leurs voisins Marocains, qui de passage, n’ont fait qu’offrir leur hospitalité, exprimer leur solidarité et dispensés des aides de toutes sortes durant les huit années de guerre de libération [12 et 13] ! Une guerre maintenue par leur soutien à certains dirigeants socialistes de l’USFP pour renverser l’ordre monarchique durant les années 71 et 72, et continuée, après, par le soutien militaro-financier au groupe séparatiste du Polisario, qui aspire à installer une république « Arabe », la RASD, en terre « Amazigho-africaine » depuis 1976 ! Un fait inadmissible pour tous les Amazighs de Tamazgha, sachant que le Grand Sahara, allant du Sahara marocain jusqu’au Sahara libyen, constitue le berceau de la civilisation millénaire amazighe, ayant donné naissance à la civilisation Pharaonique et aux civilisations méditerranéennes [14]!
Sans oublier l’expulsion dramatique de plus de 45 000 familles, concernant plus au moins 400 000 citoyennes et citoyens marocains, en séparant de force les familles mixtes, le 8 décembre 1975, par le colonel Houari Boumediene, en mobilisant tous ses services de sécurité (l’armée, les services secrets, la police et la gendarmerie) et qui constitue, selon plusieurs ONG, un acte vraiment criminel relevant de la catégorie des crimes internationaux contre l’humanité.
En définitive, nous vous demandons de déployer tous vos efforts pour porter plainte contre ces ‘‘criminels généraux algériens’’ devant la Cour internationale de justice (CPI) de la Haye afin d’essayer de libérer l’Algérie (-et Tamazgha/Afrique du Nord) de ces néo-colons supposés « Arabistes », profondément imprégnés d’une politique d’ « apartheid anti-Amazigh », et qui ont pris le pouvoir par les armes et le sang, en érigeant « le terrorisme d’Etat » comme seul moyen de se perpétuer dans cet illégitime et anti-démocratique pouvoir.
En vous remerciant de votre écoute, veuillez agréer, Monsieur Le Président, nos salutations fort distinguées.
Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)
Copie :
- Mr. Karim A. KHAN, Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI)
- Mr. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie et de l’Union Africaine
- Mr. Moussa Faki Mahamat Président de La Commission de L’Union Africaine
Notes :
[1]- https://dzballon.com/2024/05/13/coup-de-tonnerre-lalgerie-envisage-de-quitter-la-caf/
[2]- www.algeria-watch.org/fr/aw/gspc_etrange_histoire_intro.htm
[4]- https://fr.scribd.com/document/45465018/Liste-Des-Martyrs-Du-Printemps-Noir
[6]- https://amadalamazigh.press.ma/fr/wp-content/uploads/2024/01/BON-Rapport-Riposte-VF.pdf
[7]- https://www.youtube.com/watch?v=sOB9tsa8SuY
[8]- https://www.youtube.com/watch?v=KB-T9oUm9HA
[9]- https://www.youtube.com/watch?v=n6pUGPsvQcY
[10]- https://amamazigh.org/2024/04/comment-lalgerie-essaie-de-destabiliser-leurope/
[11]- https://www.youtube.com/watch?v=a12SZhPTh9Q
[12]- https://www.youtube.com/watch?v=2vUQdhOLn5w
[13]- https://amadalamazigh.press.ma/archivesPDF/280.pdf
[14]- https://amadalamazigh.press.ma/fr/la-civilisation-pharaonique-serait-elle-dorigine-amazighe/