Les Amazighs demandent à la Secrétaire d’Etat auprès du ministre français des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, réparation des préjudices causés par la guerre chimique contre le Grand Rif

0
397

A Son Excellence Patricia MIRALLES, Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire,

Objet : Réparation des préjudices causés par la guerre chimique contre le Grand Rif marocain.

Références : PDR/EMP/A057679 (& PDR/SCP/BEAR/D026495).

Madame La Secrétaire d’Etat,

A l’occasion de la 60ème anniversaire de la disparition de notre grand héros Mohamed Abdelkrim EL KHATTABI, leader de la guerre de libération du Rif et de la résistance à la colonisation hispano-française du 1921 à 1926, nous voulons attirer votre attention et de vous demander de pencher, consciencieusement, sur notre légitime requête sur le grand préjudice non résolue impliquant immanquablement la responsabilité de la République française, à côté de la monarchie espagnole, dans l’utilisation des armes chimiques contre les populations civiles du Grand Rif marocain pendant la Guerre du Rif de 1921-1927.

Je vous informe que Le Président de la République, Monsieur Emmanuel MACRON, avait bien reçu notre correspondance du 21 juillet 2021, à l’occasion du centenaire de la fameuse bataille d’Anoual, et qu’il nous avait confié « le soin de nous assurer de la meilleure attention avec laquelle il a été pris connaissance de notre courrier et les préoccupations qui motivent notre démarche », nous avait écrit le commissaire en chef de 1ère classe de l’État-Major particulier de la présidence de la République, Jean LE ROCH, le 10 septembre 2021. Ce dernier avait ajouté que : « soulignant qu’il s’agit d’un sujet délicat, il a fait savoir que cela relève des compétences confiées à la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées chargée de la mémoire et des anciens combattants ». Or, depuis et à ce jour, on n’a malheureusement reçu aucune suite à cette affaire de la part de Mme. Geneviève DARRIEUSSECQ, précédente ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants !

De ce fait, c’est la raison pour laquelle nous vous adressons directement à vous, dans l’espoir que cette fois-ci notre demande sera « examinée avec soin et que vos services ne manqueront pas de nous faire directement savoir la suite susceptible de lui être réservée ».

N’oublions pas que lors de son déplacement en Algérie en février 2017, votre président Monsieur Emmanuel MACRON avait eu le courage d’affirmer que : « la colonisation est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes ». Le Roi Philippe de Belgique, lui aussi, avait exprimé ses plus profonds regrets pour les blessures infligées lors de la période coloniale belge au Congo (l’actuelle RDC). L’Allemagne a fait de même, elle a reconnu avoir commis « un génocide » contre les Héréros et les Namas en Namibie au début du XXe siècle et elle va les dédommager. Récemment, le premier ministre Mark RUTTE des Pays-Bas, a reconnu le 19 décembre dernier à La Haye que : « je pensais que l’esclavage était une histoire qui est loin derrière nous, j’avais tort, nous ne pouvons que reconnaître et condamner l’esclavage, dans les termes les plus clairs, en tant que crime contre l’humanité » et par la suite il a présenté ses excuses, à titre posthume à tous les esclaves du monde et à tous leurs descendants.

En effet, la France ne pouvait rester indifférente envers cette historique injustice de l’utilisation des armes chimiques contre les populations civiles du Grand Rif marocain durant les années vingt du XXe siècle. Rappelons que : « la France s’est retrouvée, au début du siècle passé, responsable d’un protectorat sur le Maroc, (Ex-Empire chérifien marocain). En vertu de ce protectorat, la France était censée assurer la protection du Maroc dans ses frontières authentiques. Or, il s’en est suivi un dépeçage, une partition et une pseudo « pacification » par les armes et le sang. En tant que « nation civilisée », la France était tenue par le droit coutumier et conventionnel de la guerre de protéger, notamment, la population civile et de ne pas se rendre complice ou utiliser elle-même contre cette même population sans défense et non combattante des armes prohibées. Or, les documents, archives et études témoignent de ce que, dans un premier temps, la France s’est rendu complice de l’Espagne à laquelle elle a vendu des armes chimiques de destruction massive avant de les utiliser elle-même contre les rifains (population du nord du Maroc), lors de la guerre de libération conduite par le président Mohamed Abdelkrim EL KHATTABI. La guerre chimique contre le Grand Rif est non seulement une violation des règles les plus élémentaires du droit de la guerre mais de surcroît et encore plus grave les héritiers des victimes d’hier continuent de souffrir aujourd’hui encore. En effet, de nombreuses études génétiques d’experts confirmés démontrent et témoignent des effets mutagènes et cancérigènes des armes utilisées : l’ypérite ou gaz moutarde, le phosgène, le disphosgène et la chloropicrine ». (amazigh.press/fr/le-role-et-la-responsabilite-de-la-france-dans-lutilisation-des-armes-chimiques-contre-le-rif/ ).

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame Patricia MIRALLES, l’expression de notre très haute considération.

Signé : Rachid RAHA – Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe

Copie :

  • Monsieur Le Président Emmanuel MACRON
  • Monsieur l’Ambassadeur de la République Française au Maroc
PARTAGER