l’Assemblée Mondiale Amazighe rappelle les blocages du gouvernement marocain à la promotion des droits des Amazighs

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A l’occasion du 41ème anniversaire du printemps amazighe, l’Assemblée Mondiale Amazighe rappelle les blocages du gouvernement marocain à la promotion des droits des Amazighs

Enfin, après un an et demi de l’adoption de la loi organique n ° 26.16, concernant la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et à cinq mois avant les échéances électorales et de la dissolution du gouvernement, et en coïncidant avec le 41ème anniversaire du printemps amazighe, il s’est tenu la réunion de la commission interministérielle permanente chargée du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe en date du 20 avril 2021, présidé par le chef de gouvernement, M. Saad Eddine El Othmani.

Lors de cette réunion, M. Saâid Amzazi, ministre de l’Education nationale, a présenté les maigres réalisations, en rappelant que 400 enseignants seront recrutés chaque année dans le but de mobiliser 5.000 enseignants de l’amazighité, non pour 2026, sinon d’ici 2030 !

En effet, lorsque les Nations Unies à travers la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale, Mme. Tendayi Achiume, qui avait eu le courage d’évaluer dans son rapport du 28 mai 2019, la flagrante discrimination raciale à l’encontre des Amazighs, personne, ni le président du gouvernement ni aucun ministre n’avait osé répondre aux allégations onusiennes ni aux violations des droits humains des Amazighs, ni à la politique institutionnalisée manifeste de l’état marocain de discrimination raciale à l’encontre des Amazighs !

Mme. Tendayi Achiume, avait appelé les autorités marocaines à adopter plusieurs mesures concrètes visant à éliminer et à prévenir le racisme et la discrimination raciale, et d’intensifier les efforts pour faire en sorte que les Amazighs ne soient pas victimes de discrimination raciale dans l’exercice de leurs droits fondamentaux, notamment en ce qui concerne l’éducation, l’accès à la justice, l’accès à l’emploi et aux services de santé, les droits fonciers et les libertés d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et d’association. (1)

A l’exception de l’adoption de la loi organique pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe par les deux chambres du parlement, restée lettre morte, le gouvernement actuel n’a fait que prendre de malheureuses mesures qui vont tout-à-fait à l’encontre de toutes ces légitimes recommandations onusiennes.

En atteste son obstination de la non reconnaissance du calendrier amazighe, la volonté du ministère de l’Intérieur qui avait imposé la sortie de la nouvelle loi sur la carte électronique d’identité nationale sans intégrer la langue amazighe ni sa graphie tifinagh, l’exclusion de l’enseignement de la langue amazighe aux enfants des citoyens marocains résidents à l’étranger, l’absence totale au sein des programmes d’alphabétisation des adultes…

Pire, et j’insiste à le souligner, les plus graves mesures de ce gouvernement sont, sans aucun doute, celles prises par le ministre de l’Education Nationale. Comme je l’ai déjà signalé à la Banque Mondiale (2) et à la secrétaire générale de l’UNESCO (3) le 21 février dernier, le ministère de l’Education Nationale, après avoir rendu public le Guide Pédagogique du Préscolaire, a exclus totalement l’intégration de la langue amazighe dans l’éducation préscolaire et continue à bloquer son urgente et nécessaire généralisation dans le cycle primaire.

Toutefois et à l’approche de ces imminentes élections législatives, M. le Ministre Said Amzazi se réjouit de parler de la formation de 400 enseignants à la langue amazighe, chaque année, dans le but d’atteindre l’objectif de généralisation de l’enseignement de cette langue à l’horizon, non pas pour 2026, sinon maintenant pour 2030 ! Pourtant, juste pour la première année du cycle primaire, il faudrait au moins 5.000 professeurs spécialisés en amazigh, ce qui demanderait une douzaine d’années. Alors pour former le reste des années du primaire, cela nécessiterait, selon l’ONU, 100.000 professeurs pour 4,5 millions d’écoliers, il nous faudrait un siècle !

C’est ainsi que ce gouvernement ne fait que perpétuer la politique de génocide linguistique de la langue maternelle des citoyennes et citoyens marocains. Il continue à tuer la langue amazighe ! Par conséquent, il ne fait qu’accélérer le déracinement culturel des petits et à approfondir leur crise identitaire, en violant par conséquent les articles 7 et 8 de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989.

En définitive, cet actuel gouvernement, comme son précédant, dirigé par le PJD, pratique clairement une politique de génocide linguistico-culturel et viole carrément le préambule de la constitution et ne respecte guère l’article 5 qui consacre que «l’amazighe constitue une langue officielle de l’État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception»!

Par: Rachid Raha, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe

Notes :

(1)- https://undocs.org/pdf?symbol=fr/A/HRC/41/54/Add.1

(2)- http://amadalamazigh.press.ma/fr/les-amazighs-interpellent-la-banque-mondiale-sur-le-comment-sauver-la-petite-enfance-au-maroc/

(3)- https://amadalamazigh.press.ma/fr/le-maroc-avec-la-complicite-de-la-france-poursuit-son-genocide-linguistique-a-lencontre-de-la-langue-maternelle-et-autochtone-de-la-majorite-de-sa-population/

(4)- www.leconomiste.com/article/1053276-si-l-ecole-ne-parle-pas-la-langue-de-ses-eleves

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