Les juges de la Cour Suprême d’Espagne viennent de condamner les neuf des douze dirigeants catalans jugés pour avoir organisé le référendum d’autodétermination du premier octobre 2017 à de très lourdes peines dont M. Oriol Junqueras, l’ex-vice-président régional catalan, allant à treize ans de prison ; Mme. Carme Forcadell, ancienne parlementaire catalane; M. Jordi Turull, M. Raül Romeva, M. Joaquim Forn, M. Santi Vila, Mme. Meritxel Borràs, Mme. Dolors Bassa, M. Josep Rull, M. Carles Mundó; M. Jordi Sànchez, l’ancien dirigeant de l’Assemblée Nationale Catalane (ANC); et M. Jordi Cuixart, ancien dirigeant de l’organisation indépendantiste Òmnium Cultural.
Considérant que le procès est fondamentalement politique, du fait que selon les déclarations de M. Dominique Noguères, vice-présidente de la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH), le procès des indépendantistes catalans est politique : « Il y a aussi un élément qui montre que c’est très politique. C’est que, même si la Constitution espagnole le permet, il y avait une partie civile très particulière dans ce procès qui était quand même un parti d’extrême-droite, qui est Vox, qui a été là pendant tout le temps du procès et qui réclame, d’ailleurs, les peines les plus lourdes. La nomination même des membres de ce tribunal pose problème. C’est à dire que c’est un tribunal qui est politique, qui est nommé par des politiques, avec des représentations de l’ensemble des partis politiques espagnols. Donc cela pose vraiment beaucoup de questions sur l’impartialité…»
Considérant qu’Amnesty International réaffirme que « le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique garantit aux individus et aux organisations de la société civile le droit d’exprimer leur opinion sur le référendum et l’indépendance en général à tout moment, individuellement ou collectivement, y compris dans le contexte de réunions publiques ».
Considérant que la Cour Suprême d’Espagne n’a pas respecté les obligations internationales de l’Espagne en matière des droits de l’homme dans l’examen des accusations visant les douze leaders politiques jugés et le lancement d’un nouveau mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien président régional catalan Carles Puigdemont, en violant l’article 10 de la Convention Européenne des droits de l’Homme (CEDH) et l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU (Pacte I) ; et la liberté de réunion pacifique et d’association protégée par l’article 11 CEDH et les articles 21 et 22 du Pacte I.
L’Assemblée Mondiale Amazighe demande la libération immédiate de tous les prisonniers politiques catalans et la suspension des mandats d’arrêt international à l’encontre des autres dirigeants politiques dont l’ancien président régional catalan.
Nous rappelons qu’ «Agraw Amadlan Amazigh», – connu antérieurement comme «Congrès Mondial Amazigh» et qui porte actuellement le nom de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)-, avait soutenu, -et soutiens toujours-, l’autodétermination du peuple catalan à travers son communiqué (http://in.directe.larepublica.cat/oriol-junqueras/blog/3107/crida-als-amazics) diffusé à Bruxelles le 24 février 2010 où il déclarait que:
«Les liens qui unissent le peuple catalan au peuple Amazigh sont nombreux, cependant il y en a un qu’il faut tout particulièrement mettre en évidence: la lutte en faveur de la liberté des individus ainsi que celles des peuples.
Le Congrès Mondial Amazigh tiens à souligner la solidarité exemplaire d’un peuple singulier qu’est le peuple catalan envers les Amazighs. Ainsi, historiquement les Catalans est le seul peuple européen, qui a réussi à organiser l’une des manifestations de masse les plus importantes du XX siècle contre la colonisation espagnole, connu sous le nom de «la Setmana Tràgica de Barcelona» en 1909. En 1931, lorsqu’il y a eu le renversement de la dictature du Général Primo De Rivera en faveur de la démocratie, connu sous le nom de la IIème République, les Catalans étaient les premiers et les seuls à défendre le droit des marocains du Nord à jouir d’un statut d’autonomie. Ce sont toujours eux les premiers européens à soutenir les mouvements de libération des pays de l’Afrique du Nord (comme le FLN algérien), sans parler qu’au moment de la Guerre de Libération de Mohamed Abdelkrim El Khattabi, ils ont hissé les drapeaux de la République du Rif dans certaines de leurs grèves et manifestations populaires!
Actuellement, les exemples de cette inconditionnelle et interminable solidarité des Catalans envers les amazighs se manifeste par leur soutien en faveur de la reconnaissance de Tamazight, en tant que langue co-officielle, à côté de la langue castillane dans la ville de Melilla, devant la prochaine révision de Statut d’Autonomie de la dite ville nordafricaine. Leur proposition au Parlement espagnol de «las Cortes», à côté des représentants du peuple Basque, Galicien, Navarien et de la Gauche Unie, de reconnaissance de crime contre l’humanité de la part de l’Etat espagnol en ce qui concerne l’utilisation massive des armes chimiques, dans les années vingt, contre les populations civiles rifaines. Aussi , et cela c’est exemplaire et une expérience inédite, et que toutes les régions d’Europe devront s’en inspirer, c’est de concrétiser sur le terrain toute politique ambitieuse d’intégration interculturelle en faveur de la langue et la culture amazighes, comme l’introduction de l’enseignement de notre langue dans le cycle primaire aux enfants amazighophones de certaines école publiques et la création de «l’Observatoire de la Langue Amazighe» et tout dernièrement de la «Maison Amazighe».
Signé: Rachid RAHA – Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe
Nota : en photo M. Oriol Junqueras avec Mme. Faroudja Moussaoui et M. Rachid Raha lorsque il avait reçu la délégation amazighe au parlement européen en 2010.