COMMUNIQUÉ FINAL DE LA IXe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES AMAZIGHS DU MONDE

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L’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA) a organisé sa neuvième assemblée générale à Marrakech, dans la région du Grand Atlas au Maroc, les 16, 17et 18 février 2018 / 2968. Etaient présents  des militants et personnalités amazighs et des délégués d’associations amazighes des pays d’Afrique du Nord et de la Diaspora, ainsi que les représentants de certains peuples amis tels les kurdes et les catalans, représenté par une députée catalane du groupe « juntsxcat/ensemble pour la Catalogne », de partis politiques comme Podemos d’Espagne et des institutions internationales comme Centre UNESCO-Melilla et des ONG des Droits humains et de la femme du Maroc.

Nous remercions vivement les participants de Tamazgha et de l’extérieur, qui ont contribué à la réussite et au bon déroulement de cette 9-ième assemblée générale de l’Assemblée Mondiale Amazighe, qui s’est déroulée dans une ambiance fraternelle, conviviale et constructive, consacrée à l’hommage de la femme amazighe en général et en honorant certaines femmes amazighes comme Nadia Matoub, l’épouse de défunt chanteur Lounès Matoub, l’avocate Aicha Alhyane, l’anthropologue nord-américaine Hélène E. Hagan et la militante tunisienne Arbia Nour Elbez. La dite assemblée  a commencé par la conférence inaugurale sur «La Femme amazighe de l’Afrique du Nord : transmission des valeurs et de la civilisation amazighe», offerte par Mme. Mariam Wallet Aboubakrine, présidente de l’Instance Permanente des Nations Unies sur les Questions Autochtones, suivi d’une table ronde  sur « la situation des droits des femmes amazighes dans les pays de Tamazgha et dans la diaspora », avec la participation de Maître Aicha Alahyane, avocate au barreau de Rabat, Mme. Hanane Khennab des Aurés algériennes et Mme. La députée catalane Salwa El Gharbi. L’assemblé s’est penché sur un autre thème, celui de l’exposition de la des dernières découvertes arquéologiques et anthropologiques avec la participation de Dr. Antonio Arnaiz Villena de l’Université Complutense de Madrid, Dr. Youssef Bokbot de l’INSAF de Rabat et de Dr. Mohamed Chtatou.

Les Etats de Tamazgha vivent au rythme de changements qui touchent aux intérêts du peuple amazigh et des communautés amazighophones, dans le cadre de perturbations internes et d’interventions externes de la part de pays occidentaux et orientaux en sus d’une menace avérée du terrorisme.

En relation avec cette situation, l’Assemblée Mondiale Amazighe, déclare et revendique de nouveau ce qui suit :

Concernant le Maroc

– Malgré l’absence de volonté politique en ce qui concerne la promotion de l’amazighité, exprimé par le refus de la reconnaissance du calendrier amazigh, l’Assemblée Mondiale Amazighe exige l’urgence de la promulgation des lois relatives à la mise en œuvre du caractère officielle de l’amazighe comme le demande les Nations Unies, conformément aux recommandations du comité onusien des droits économiques, sociaux et culturels et du comité des droits politiques et civils;

– La libération immédiate de tous les détenus et satisfaction du dossier revendicatif de la population du Rif et de ses provinces, et l’arrêt des procès formels et des jugements iniques dont les activistes de la contestation du « Hirak Rif » ;

– L’arrêt de la spoliation des terres collectives des tribus amazighes et mettre fin aux souffrances de la population d’Imider victime de la société minière qui exploite et épuise ses ressources et ses richesses, sans que la population, marginalisée, pauvre et exclue, n’en profite ;

– L’intervention pour mettre fin aux agressions et aux crimes dont les amazighes sont victimes et inclus les étudiants du Mouvement Culturel Amazighe  (MCA) au sein des universités marocaines ;

– L’Assemblée Mondiale Amazighe rejette le dernier modèle de « régionalisation élargie » au Maroc, du fait qu’il est un projet administratif qui n’a apporté rien de nouveau par rapport aux réformes, aux élections, à la représentation, à la tutelle du ministère de l’intérieur et à la gestion, comme l’a mis à nue les événements du « Hirak du Rif ». Nous constatons que la vraie régionalisation efficiente pour le pays, ne peut se faire que dans le cadre d’un Etat basé sur un système fédéral, fondé sur un pouvoir d’autonomie des régions tel que pratiqué dans un ensemble de pays du monde, tel formulé par notre « Manifeste de Tamazgha » (http://amamazigh.org/2013/11/manifeste-de-tamazgha-pour-une-confederation-democratique-sociale-et-transfrontaliere-basee-sur-le-droit-a-lautonomie-des-regions/ );

En ce qui concerne l’Algérie :

– Applaudit la décision relative à l’officialisation du nouvel an amazighe, à la volonté de la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe et la futur création de  l’académie de la langue amazighe;

– L’arrêt de la violation des droits de l’homme en général et des droits amazighes en particulier ; Demande aux autorités algériennes de répondre à toutes les revendications amazighes, objet du combat du mouvement amazighe depuis des décennies ; et de libérer tous les prisonniers politiques, à leur tête les détenus mozabites

– L’ouverture des frontières avec les pays voisins et plus particulièrement la frontière terrestre algéro-marocaine;

– L’Assemblée Mondiale Amazighe insiste sur le devoir de consécration par le système algérien du droit à l’autonomie des régions, particulièrement celles de la région de Kabylie, des Ayt M’Zab, de l’Aurès,  et la région Touarègue au sud algérien. Nous enregistrons dans ce domaine notre solidarité avec Le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Mouvement pour l’Autonomie du Mzab (MAM) ainsi qu’avec les citoyens(es) des deux régions en faveur de leur lutte pour leurs droits, tels que consacrés par les pactes internationaux des droits de l’homme et des peuples;

– Demande aux activistes et aux cadres amazighes ainsi qu’aux partis qui soutiennent la cause amazighe en Algérie de pousser le gouvernement et le régime pour avoir davantage de droits légitimes amazighes et la poursuite de la défense et de la plaidoirie au niveau international pour leurs droits culturels, linguistiques, politiques, économiques et sociaux et dénoncer les pratiques du régime algérien à leur égard.

En ce qui concerne la Lybie :

– Demande au Nations-Unies de faire participer activement les Amazighes dans les pourparlers qu’elles parrainent pour trouver une solution consensuelle et participative de la Lybie poste-révolutionnaire;

– Demande la promulgation d’une Constitution démocratique qui décrète un Etat fédéral permettant au peuple libyen de s’autogérer et de conserver ses spécificités dans le cadre d’une démocratie participative;

– Affirme son soutien aux Amazighes de Lybie et les appelle à davantage de vigilance pour la satisfaction de leurs revendications au sein de la nouvelle Lybie ;

En ce qui concerne la Tunisie :

– La réponse aux revendications du mouvement amazighe tunisien et la reconnaissance des droits linguistiques et culturels amazighes ;

– Demande une constitution démocratique pluraliste respectant l’identité, l’histoire et la civilisation tunisiennes et son pluralisme culturel ;

– Affirme que la non reconnaissance du pluralisme linguistique et culturel constitue un affront aux principes et aux valeurs sur lesquels est fondée la révolution tunisienne de « jazmin ». Et réaffirme que l’ignorance des droits amazighes  sape fondamentalement l’édification d’un Etat démocratique pluriel, et viole l’égalité entre citoyens qui figure dans la nouvelle constitution tunisienne ;

– Demande au gouvernement tunisien de prendre des décisions pour l’intégration de l’amazighe dans les secteurs de  la vie publique et salue ses efforts en faveur de l’émancipation et de renforcements des droits des femmes;

En ce qui concerne l’Azawad :

– Affirme que la clé de la stabilité dans la région du Grand Sahara consiste à octroyer à la région de l’Azawad une autonomie politique élargie et qui permette à la population  locale de s’autogérer, loin de l’exploitation adoptée par le gouvernement de Bamako ;

– Confirme que la paix et la stabilité véritables dans l’Azawad passe par la reconnaissance de la composante amazighe touarègue et par l’édification d’un Etat civil, fédéral et pluriel, comme l’avait formulé l’AMA (http://www.gitpa.org/web/AFO%20MALI%20charqi.pdf ) ;

– Demande la mise en œuvre des dispositions et des principes des chartes internationales des droits de l’homme et des peuples, ainsi que le droit à l’autodétermination des peuples, au niveau politique, économique et culturel…

– Appelle les Nations-Unies et les pays occidentaux à faire pression sur le régime malien pour satisfaire tous les droits des Touaregs de l’Azawad ;

– Confirme son soutien absolu aux Amazighes de l’Azawad jusqu’à satisfaction de toutes leurs revendications légitimes et appelle à la satisfaction des revendications de tous les Touaregs.

En ce qui concerne les Amazighes de la Diaspora des pays européens : 

– L’Assemblée Mondiale Amazighe s’étonne de l’indifférence de plusieurs pays, particulièrement les pays de l’Union Européenne, à l’égard des caractéristiques identitaires et des spécificités culturelles et linguistiques des émigrés originaires des pays d’Afrique du Nord ainsi que le renchérissement des débats relatifs à ce sujet. Comme preuve de la politique erronée de ces pays, qui hébergent des millions de citoyens et citoyennes amazighs : leur négation de l’amazighité ;

– Dans des pays comme la France, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne et l’Espagne, qui hébergent des millions d’émigrés amazighs et de citoyens(es) d’origine amazighe, les millions d’Amazighes sont traités comme des « Arabes musulmans »venus du Golf arabique et non comme des Amazighes avec un islam spécifique d’Afrique du Nord. Les dits pays européens se limitent dans leurs programmes d’enseignement et autres qu’à promouvoir l’arabe comme langue et culture des émigrés ;

– Demande aux gouvernements des Etats de l’Union Européenne (UUEE) à mettre fin à leur collusion et complicité avec les régimes d’Afrique du Nord, et à revaloriser, urgemment, la langue, la culture et l’identité amazighes, en l’enseignant aux enfants de la diaspora qui constituent la majorité absolue des émigrés dans les pays européens d’origine du sud de la Méditerranée.

– Insiste pour que l’identité et la langue amazighes soient prises en considération par les gouvernements européens dans leurs politiques et programmes relatifs aux émigrés et à l’émigration, de même au niveau de sa politique étrangère et ses relations avec les Etats d’Afrique du nord ;

– Affirme de la crise identitaire dont souffre les enfants des émigrés, cause de l’extrémisme et du terrorisme, est liée à l’exclusion de l’amazighe et de l’islam populaire modéré ainsi que des valeurs universelles et humaines de la part des écoles européennes (  http://amamazigh.org/2017/11/lama-interpelle-lunesco-sur-limportance-de-la-langue-maternelle-dans-la-resolution-de-la-problematique-de-leducation-au-maroc-et-dans-les-pays-de-tamazgha/ );

In fine,

L’Assemblée Mondiale Amazighe informe l’opinion publique qu’elle va entreprendre deux urgentes campagnes concernant les deux grands pays de Tamazgha, une campagne en faveur de l’ouverture des frontières algéro-marocaines et une autre campagne contre la fausse et irréelle appellation ‘Maghreb Arabe’.

A signaler que l’Assemblée Mondiale Amazighe a renouvelé ses structures en élisant un nouveau Bureau Confédéral, pour le mandat 2018-2020/2968-2970, composé comme suit :

– M. Rachid Raha, Président et responsable des relations internationales de l’AMA;

– M. Dr. Mimoun Charqi, Président d’honneur et chargé des affaires juridiques;

– Mme. Salwa Gharbi, Présidente déléguée pour les droits de la femme ;

– M. Dr. Abdellah Elhaloui, Président délégué pour la formation et les compétences;

– Mme. Amina Ibnou-Cheikh, Présidente déléguée pour le Maroc ;

– M. Skouti Khoudir, Président délégué pour l’Algérie ;

– Mme. Thithrith-Arbia Nour Elbez, Présidente déléguée pour la Tunisie;

– M. Moussa Ag Elmoctar, Président délégué pour les Touaregs

– M. Mhamed Bihmedn, Secrétaire général;

– M. Marzouk Chahmi, Secrétaire général adjoint ;

– M. Mohamed El Hamouti, Trésorier général ;

– M. Montacer Ahouli, Trésorier général adjoint;

– Mme. Souad  Benkachouh, Président délégué pour le Grand Rif (Maroc);

– M. Mohamed Boussaidi, Président délégué pour le Grand Atlas (Maroc) ;

– M. Ouberka El Mahjoub, Président délégué pour le Grand Souss (Maroc).

Reportages photographiques :

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