Lettre au président Emmanuel MACRON à propos de la Sécurité de Tamazgha et les événements du Rif

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A l’aimable attention de
M. Emmanuel MACRON,
Président de la République Française

Objet : Sécurité de Tamazgha et stabilité de la France et de l’Europe

M. le président,

Vous venez de prendre récemment la responsabilité en tant que nouveau chef d’Etat les destinées de votre pays, qu’est la France, et vous avez érigé la lutte contre le terrorisme comme une priorité maximale de votre mandat, tantôt à l’échelle national, tantôt à l’échelle européen et tantôt à l’échelle international, comme en atteste la coordination de vos services de renseignement et votre premier déplacement hors d’Europe à la région d’Azawad, au nord du Mali. Et maintenant vous êtes en train d’essayer de réconcilier les frères libyens en accueillant les deux principaux protagonistes de la crise libyenne près de Paris, ce mardi 25 juillet, afin d’affronter efficacement la menace de Daech qui s’est bien établi en Lybie.

Avant tout, nous tenons à saluer vos courageuses initiatives et nous voulons attirer votre attention sur l’actualité de notre région d’Afrique du Nord, dite Tamazgha, et de vous souligner que sa sécurité et sa prospérité sont intimement liés à celle de votre pays et à celle de tous les pays de l’Union Européenne (www.amadalpresse.com/fr/?p=1127) et que vous avez de fortes chances à y réussir à y trouver des solutions si vous aventurez à opter au changement de votre géostratégie par rapport aux antérieurs présidents français, en l’occurrence à messieurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, et en prenant en considération les Amazighs comme des alliés, et de ne plus continuer à se comporter envers eux comme s’ils sont des ennemis ou comme ceux qui pourraient porter atteinte aux intérêts économiques français en Tamazgha. Les Amazighs, par chance, constituent les premiers à faciliter les échanges commerciaux entre la France et les pays nord-africains et les premiers à circuler dans des voitures made in France.

Vous allez assoir à la même table le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, afin de tenter de trouver une issue à la crise libyenne, et afin de mettre fin à la guerre civile, et dont l’ancien chef d’Etat Nicolas Sarkozy en est l’un des principaux responsables directs de cet état de fait d’absence d’Etat libyen, où les milices armées profitent à asseoir leur loi et à fructifier leur trafic d’êtres humains!

Effectivement, nous accepteront jamais que vous essayez de réconcilier ces deux protagonistes au détriment des droits inaliénables et historiques des Amazighs de Jbel Nefoussa et des Touaregs du sud. Dans ma lettre ouverte à l’ex-président Nicolas Sarkozy, j’affirmais ce qui suit: « Monsieur le Président, votre discours du 15 septembre 2011 à Benghazi, nous a laissés pantois et stupéfaits vu que vous avez affirmé : ‘’ (…) jeunes de Benghazi, jeunes de Libye, jeunes Arabes (…). (…) tous les peuples « arabes » qui veulent se libérer de leurs chaînes (…) ‘’. Vos propos laissent penser que le peuple libyen serait un peuple « arabe » autant sur le plan ethnique que sociologique, identitaire, culturel et linguistique. Permettez-moi, de vous signaler que le succès de la révolution libyenne revient en grande partie au peuple autochtone amazigh, qui s’est rebellé à l’Est de la Libye et qui a eu le mérite de libérer Tripoli, et au peuple Toubou qui ont libéré une grande partie du Sud. Ceux que vous considerez comme des « Arabes » sont en réalité des Amazighs pour beaucoup arabisés après leur conversion à l’Islam. Une arabisation forcée, voulue et accéléré par le dictateur déchu Kadhafi. » (https://amazigh24.com/lettre-ouverte-au-president-nicolas-s…). Dans ce sens, la réconciliation entre toutes les citoyennes et tous les citoyens libyens ne pourraient se concrétiser sans reconnaître les droits des Amazighs, sans la révision de l’article 30 de la déclaration constitutionnelle libyenne, pour offrir l’occasion de constitutionnaliser l’amazighe et le touareg comme langues officielles au même titre que l’arabe en Lybie, conformément à la charte mondiale des droits de l’homme et plus particulièrement à la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », ratifié par des centaines de pays dans l’accord de la COP21 de Paris et assumé par le Haut conseil des Amazighe de Lybie. Et que cesse une fois pour toutes les menaces d’ethnocide de la part de « l’armée arabe », conduite par le Général Khalifa Haftar.

Quant à l’Azawad et au nord de Niger que vous considérez comme une région vitale pour la France du fait que l’Uranium des territoires touarègues continuent à électrifier les maisons des familles françaises et les rues de vos villes en faisant tourner les turbines de vos centrales nucléaires et d’alimenter votre arsenal militaire nucléaire, il ne pourrait jamais y avoir de paix durable si les populations autochtones n’y accèdent pas à une partie de cette richesse minérale, ni à disposer d’une certaine autonomie politique. La lutte contre les groupes terroristes qu’Iyad Ag Ghali coordonne, avec la complicité manifeste des services militaires secrets algériens et la solution idéale à l’insécurité régnante en Azawad ne pourront se résoudre militairement ni par vos forces militaires spéciales ni par l’armée corrompue du Mali, et encore moins par celles des Nations Unies de la MINUSMA. Seulement l’application de l’article 3 de la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » et l’octroi du statut d’autonomie politique à Azawad, -et par extension, au nord du Niger- pourrait y arriver à résoudre ce conflit régional. Et par conséquent, à assurer la prospérité et le bien-être social à ces populations du désert et à continuer à garantir les matières premières et les intérêts économiques de votre pays.

Monsieur Le Président,

Quand à votre déplacement au Maroc, lors de la conférence de presse tenue à Rabat le 14 juin dernier, vous avez déclaré que : «Il ne m’appartient pas de juger d’un sujet de politique intérieure, mais le roi considère comme légitime qu’il y ait des manifestations, qui sont prévues dans le droit constitutionnel». «Il souhaite apaiser la situation en répondant aux prémices de ces mouvements et en apportant une considération à cette région». Depuis, nous tenons à vous affirmer que vos déclarations qui ont suscité de l’espoir et d’apaisement des esprits se sont dissipés, vue que les autorités marocaines, à travers son ministre de l’intérieur, un rifain qui ne s’est présenté dans aucune élection et à qui personne n’a voté, a opté pour la ligne dure de la répression, en ordonnant les walis de Tanger et de Rabat, ainsi que le nouveau gouverneur d’Al Hoceima, tous proches de PAM, à matraquer les manifestations pacifiques, et ils n’ont pas ménagé à nous bombarder par des bombes lacrymogènes en plein centre d’Al Hoceima ce jeudi 20 juillet dernier, nous rappelons les années de plomb de l’ère de dictature de Hassan II et surtout, nous rappelons l’utilisation des armes chimiques des forces franco-espagnoles contre les populations civiles du Rif dans les années vingt. A propos de ce dernier point, nous avons eu l’occasion d’interpeller à deux reprises l’ex-président François Hollande en ces termes: « Je vous rappelle que la France s’est retrouvée, au début du siècle passé, responsable d’un protectorat sur le Maroc, (Ex-Empire chérifien marocain). En vertu de ce protectorat, la France était sensée assurer la protection du Maroc dans ses frontières authentiques. Or, il s’en est suivi un dépeçage, une partition et une pseudo « pacification » par les armes et le sang. En tant que « nation civilisée », la France était tenue par le droit coutumier et conventionnel de la guerre de protéger, notamment, la population civile et de ne pas se rendre complice ou utiliser elle-même contre cette même population sans défense et non combattante des armes prohibées. Or, les documents, archives et études témoignent de ce que, dans un premier temps, la France s’est rendu complice de l’Espagne à laquelle elle a vendu des armes chimiques de destruction massive avant de les utiliser elle-même contre les rifains (population du nord du Maroc), lors de la guerre de libération conduite par le président Mohamed Abdelkrim El Khattabi. La guerre chimique contre le grand Rif est non seulement une violation des règles les plus élémentaires du droit de la guerre mais de surcroît et encore plus grave les héritiers des victimes d’hier continuent de souffrir aujourd’hui encore. En effet, de nombreuses études génétiques d’experts confirmés démontrent et témoignent des effets mutagènes et cancérigènes des armes utilisées : l’ypérite ou gaz moutarde, le phosgène, le disphosgène et la chloropicrine. » (www.kabyle.com/guerre-chimique-grand-rif-lama-demande-audie… ). Le mercredi 27 janvier 2016 à Paris, j’ai déposé personnellement une autre lettre au Palais de l’Elysée en interpellant de nouveau votre ex-président en ces termes :

« A l’aimable attention de Monsieur François Hollande, Président de la république française

Objet : réparation comme suite aux effets de la guerre chimique contre le grand Rif

Vos références : PDR/SCP/BEAR/D026495

Monsieur le Président,

Par lettre citée en référence, nous vous avions saisi au sujet de l’objet visé en marge. En date du 7 avril 2015, vous avez bien voulu nous répondre par le biais de votre cabinet en nous précisant que vous aviez pris connaissance avec la meilleure attention de notre courrier quant à la réparation des préjudices consécutifs à l’emploi des armes chimiques de destruction massive contre les populations civiles du Rif, lors de la guerre du même nom entre 1921 et 1926, et qu’il avait été transmis au secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire, auprès du ministre de la défense, qui nous tiendrait informés de la suite qui pourra lui être réservée. Or, depuis et à ce jour, il n’y a eu aucune suite à cette affaire. ..» Et nous espérons que vous aurez l’amabilité de nous donner suite à cette importante requête.

Revenons aux graves événements du Rif que vous suivez surement de très près, l’actuelle politique de répression des autorités marocaines témoigne de la volonté du système à inaugurer la transition dictatoriale et l’édification d’un Etat géré avec une main de fer. Fait que combattent tous les citoyennes et citoyens Amazighes dans différentes régions du Maroc et dans la diaspora européenne, de manière pacifique, pour dénoncer les atermoiements et les campagnes qui visent la contestation et poursuivre la lutte acharnée en faveur d’un Etat démocratique dans le cadre d’une monarchie parlementaire avec séparation des pouvoirs et l’égalité des droits: égalité des droits entre l’homme et la femme, égalité des droits entre les langues officielles, le tamazight et l’arabe, et égalité entre les régions. C’est ainsi que nous vous demandons avec insistance à saisir de cette affaire du Rif et de condamner cette inadmissible dérive autoritaire et répressive de l’Etat marocain, de leur demander la libération immédiate et sans conditions de tous les détenus de la contestation dans le Rif. Et d’appeler les responsables marocains à s’assoir autour d’une table avec les jeunes contestataires rifains et d’entamer un dialogue franc entre eux et de voir comment et quand satisfaire leur dossier revendicatif, sans oublier la dévolution des terres spoliées et la satisfaction de leurs droits culturels et linguistiques. Par ce que les accords de coopération franco-marocains et l’ accord d’association entre l’Union Européenne, dont fait partie intégrante la France et le Royaume du Maroc ont pour objectifs essentiels, notamment, la promotion effective de la démocratie et le respect des droits de l’Homme, comme le stipule le passage ci-après du «Statut Avancé»: «Le respect des principes démocratiques et droits fondamentaux de l’Homme, tels qu’énoncés dans la déclaration universelle des droits de l’Homme, inspire les politiques internes et internationales de la communauté et du Maroc et constitue un élément essentiel du présent accord».

En définitive, l’avenir de la France et de l’Europe dépend de la stabilité de la Libye, d’Azawad, du Maroc et des autres pays de Tamazgha, de la satisfaction des droits économiques, sociales, culturels, civils et politiques des Amazighs et de la prospérité économique qui pourrait découler si les peuples Amazighs s’engagent à concrétiser sur le terrain notre ambitieux manifeste de Tamazgha (www.amadalpresse.com/fr/?p=327).

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Excellence Monsieur Le Président, nos salutations les plus distinguées.

Signé : Rachid RAHA,
Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe.

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