A Monsieur Faiz Essarraj
Président du gouvernement de la coalition nationale libyenne
Objet : adoption de la démocratie et option pour le fédéralisme
Monsieur le Président,
Nous saluons l’arrivée du Conseil de la présidence à Tripoli le 30 mars 2016. Et nous espérons que cette action importante soit un gage pour le retour de l’action politique pacifique en Libye dans son giron ordinaire. Fait qui garantira la stabilité, la paix et le progrès au peuple libyen et à ses aspirations, suite à ses souffrances durant le régime d’antan et aux suites de la révolution avec ses divisions internes et sa guerre soutenue par ceux qui ont refusé les principes de démocratie et les valeurs des droits de l’homme.
Nous profitons de cette situation historique importante pour vous affirmer, Monsieur le Président du gouvernement d’entente national, quant à votre vision et celle des composantes libyennes, qui fonctionnera selon la topique des principes et valeurs puisés des chartes internationales des droits de l’homme et des peuples, particulièrement, nous avons constaté, durant les années qui ont suivi la révolution du 17 février, un déni inacceptable des droits amazighes, des touaregs et des Toubous. Y compris le refus du Congrès national général de l’amendement de la déclaration constitutionnelle, ainsi que l’exclusion incompréhensible des Amazighes des séances de dialogue national. De même que le refus de l’instance d’élaboration de la constitution post-révolutionnaire d’adhérer à la référence juridique universelle.
Nous déplorons beaucoup l’implication de l’organisation internationale et des partis du conflit libyen quant à l’exclusion du représentant légitime des amazighes de Libye en la personnalité du Conseil Supérieur des Amazighes de Libye, conseil constitué conformément à la Déclaration des Nations Unies relative aux droits des peuples autochtones, de toutes les séances du dialogue national libyen, en plus du refus déclaré de l’instance d’élaboration de la constitution vis-à-vis des revendications amazighes, touarègues et Toubous, lors de sa dernière rencontre au Sultanat d’Oman, sous la Présidence des Nations Unies en Libye.
Nous sommes tristes du fait que les résultats de l’accord de Skhirat n’ont pas respecté toutes les composantes libyennes jusqu’à présent, fait qui peut compliquer davantage la situation, et ouvre la voie à la prolifération des groupes extrémistes tel Daech, ce qui conduira inéluctablement à une intervention étrangère que guette plusieurs pays pour violer la souveraineté libyenne pour exploiter ses richesses. Fait qui aura des impacts sur l’avenir du peuple libyen que ses politiques ne doivent pas mettre entre l’enclume du terrorisme et le marteau de l’intervention étrangère.
Monsieur le Président,
L’instauration de la paix et de la stabilité en Libye ne peut pas se réaliser par des demi mesures, ou par l’imposition de solutions d’exclusion auxquelles n’aspirent pas les libyens quant à leurs ambitions. La paix se fera en décrétant les droits de tous les libyens et l’élaboration d’une constitution démocratique, contenu et forme, pour la Libye post-révolutionnaire, pour couper avec l’ancien système durant lequel le peuple libyen a souffert de dictature et de répression.
Et dans notre espoir à faire réussir le processus pacifique de l’action politique en Libye et mettre fin à la guerre et l’entredéchirement entre les enfants du même peuple, de même que pour la réalisation des aspirations de toutes les composantes du peuple libyen, nous vous interpellons, Monsieur le Président, pour vous assurer que l’adoption d’un système de gouvernance fédéral constitue la solution idoine pour les problèmes du peuple libyen et la clé idéale pour ses constituants, quant à la réalisation de ses aspirations et espoirs, dans la cadre de l’unité territoriale libyenne . Moult expériences efficientes de pays qui ont choisi le fédéralisme ont réussis à résoudre leurs problèmes. Des pays, en majorité, qui jouissent de la pluralité de leurs composantes et ressemblent au peuple libyen composé d’Amazighes, de Touarègues, de Toubous et de Libyens arabisés.
Monsieur le Président,
Nous vous souhaitons du succès et au peuple libyen la stabilité et le progrès dans cette période décisive de l’histoire de la Libye.
Avec nos profonds respects.
Rachid Raha
Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe