A Son Excellence,
M. Ban Ki-moon,
Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies
Objet : demande de protection du peuple Mozabite et de libération des prisonniers politiques
Excellence,
Permettez-nous de vous rappeler que notre ONG avait interpellé plusieurs fois l’Organisation des Nations Unies, que vous avez l’honneur de représenter, à travers plusieurs courriers dont le rapport adressé directement à Mme. Navi Pillay, ancienne Haut-commissaire aux Droits Humains lors de sa visite au Maroc le 28 mai 2014, à propos de la question des flagrantes violations des droits humains dans la région du Mzab.
Vous allez entamer une visite officielle en Algérie, ce 6 mars prochain, aussi nous souhaitons attirer de nouveau votre attention sur cette délicate question des violations des droits les plus élémentaires des citoyennes et citoyens amazighs de la région du Mzab, déclarée patrimoine universel de l’Humanité par l’UNESCO.
Excellence,
Les autorités algériennes, au lieu de respecter la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, violent délibérément les droits humains au Mzab où elles mènent une politique génocidaire à l’encontre du peuple mozabite, en soutenant la communauté arabophone «Chaânba » qui agresse continuellement la communauté autochtone amazighe. Ces derniers ont provoqué l’assassinat de plus d’une trentaine de personnes en sus de plus d’une centaine de blessés. En témoignent les nombreuses photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux (voir notre rapport ci-joint).
Au lieu de déployer leurs efforts à protéger les personnes et leurs biens matériels, les agents des autorités algériennes (polices, gendarmes et agents de renseignements) violent tous les instruments internationaux des droits humains et piétinent toutes les lois nationales et conventions internationales, en se comportant comme une force coloniale d’occupation. Au lieu de traduire devant la justice les vrais criminels, ces agents détiennent des dizaines de militants des droits humains dont notre représentant le Dr. Kameleddine Fekhar. Ce dernier et ses compagnons sont victimes de fausses accusations dont celles d’atteinte à l’intérêt national et outrage à corps constitué.
Excellence,
La parodie judicaire fait que les jeunes Mozabites qui défendaient leurs quartiers sont présentés au procureur de la république, du tribunal de Ghardaïa, sous de graves accusations par les mêmes éléments des services sécuritaires. Ensuite, c’est le tour des juges algériens aux ordres du régime de prendre le relais dans cet apartheid contre les Mozabites condamnés à de lourdes peines de prison.
Le lundi 05/05/2014, par exemple, le juge de la cour de Ghardaïa M. Fentiz, a condamné à de lourdes peines de prison ferme les Mozabites qui défendaient leurs quartiers contre les agressions sauvages des bandes terroristes en confirmant les condamnations prononcées par M. Saih Abdelkader, le juge de première instance au tribunal de Ghardaïa. En même temps et dans la même juridiction, le juge d’instruction du tribunal de Ghardaïa, Bouzidaoui El khathir, a relâché cinq personnes d’origine arabe accusées de tentative d’assassinat du jeune Mozabite Babker Houcin, alors que ces cinq assassins ont été identifiés grâce à un film d’amateur partagé sur le net et les réseaux sociaux qui les a pris en flagrant délit avec une vingtaine de terroristes alors qu’ils frappaient la victime à coups de couteaux et de sabres.
Malgré les grèves répétitives de la faim des détenues politiques, les appels des ONG internationales (Amnesty International, Human Rights Watch, FIDH…), et les interpellations des institutions diplomatiques (Union Européenne, Ambassade de Belgique…), les autorités algériennes s’obstinent à se comporter comme une armée d’occupation en piétinant les droits des populations civiles. En témoigne l’arrêt injustifié de Maître Salah Darouz, président de la Ligue Algérienne de la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), défenseur des prisonniers politiques mozabites, au commissariat de Babezzouar, le 6 février dernier, l’incarcération de M. Smail Abbouna, le 1 décembre 2015, du fait que son frère, M. Salah Abbouna, s’est exilé au Maroc à côté de M. Khodir Skouti, le représentant de notre ONG en Algérie ; la condamnation à 18 mois de prison contre 9 scouts mozabites…
Excellence,
Nous vous réitérons notre souhait que vous profitiez de votre visite in situ afin d’exiger la libération immédiate des prisonniers politiques mozabites et obligiez les autorités algériennes à se conformer au droit international et d’arrêter sur le champ la politique d’agression à l’encontre du peuple mozabite.
En vous remerciant de votre diligence, veuillez agréer, Excellence, l’assurance de ma considération fort distinguée.
Signé: Rachid RAHA
Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe